Santec est une commune littorale située au nord du Finistère, tout près de Roscoff. Avec ses 17 km de côtes composées essentiellement de plages, c'est un paradis pour les amateurs de surf et de château de sables, mais aussi pour les oiseaux du littoral tels que les limicoles et les aigrettes.

Les limicoles sont de petits échassiers qui vivent pour la plupart dans les zones humides ou marécageuses, où ils se nourrissent d'invertébrés trouvés dans la vase, sous les algues, sur les rochers etc. Ils étaient nombreux, ce jour de la fin août, dans la petite crique située entre les plages du Dossen et du Billou. L'endroit était plutôt envahi par les algues vertes et du coup peu fréquenté par les humains, pour le plus grand bonheur des oiseaux.

Parmi ceux-ci des Grands Gravelots (Charadrius hiaticula), qui se différencient des autres espèces de gravelots présentes en France par la couleur orange de la base du bec et des pattes. Le Grand Gravelot niche en petit nombre en Bretagne, par contre il n'est pas mentionné comme nicheur à Santec dans la base Faune France. Les photos ayant été prises fin août, il s'agit probablement d'individus venant d'Europe du Nord pour hiverner soit sur les côtes bretonnes soit plus au sud.

Chez les juvéniles, les pattes sont déjà orange pâle, mais le bec est encore noir et les beaux motifs de l'adulte sont incomplets et de couleur brun-gris pâle. On les distingue cependant du Petit Gravelot par la forme des marques grises de la tête et par le bec plus épais. Le milieu côtier est aussi un indice, le Petit Gravelot préférant les zones humides de l'intérieur des terres.
 

Sur les côtes bretonnes, dès qu'il y a des algues ou des galets à retourner, on est presque sûr de croiser des Tournepierres à collier (Arenaria interpres), sauf durant la courte période de la fin du printemps et du début de l'été, où ils partent se reproduire sur le littoral arctique. Plus grand que la plupart des bécasseaux et chevaliers rencontrés dans les mêmes milieux, on le reconnaît aussi à ses pattes orange vif. Ici il s'agit d'un juvénile, au plumage plus discret que celui de l'adulte en plumage nuptial. Le Tournepierre à collier est présent hors reproduction sur tous les continents, je vous en ai déjà montré en Guadeloupe, aux Seychelles et, plus près de nous, à Saint-Malo.
 

Les Combattants variés (Calidris pugnax) sont des limicoles de taille moyenne (similaire au Tournepierre à collier mais plus haut sur pattes), apparentés aux bécasseaux. Lors de la parade nuptiale, le mâle arbore une collerette colorée, allant du blanc au noir en passant par toute sorte de roux et de brun, unis ou tacheté, d'où son surnom de "varié". Vêtu de cette tenue d'apparat les mâles se livrent à des combats sur un terrain dégagé afin d'impressionner et de conquérir les femelles, un peu à la manière des tétras. En France on a peu l'occasion de les voir en plumage nuptial, puisqu'ils se reproduisent en Arctique. L'individu observé ici en août est probablement un jeune de l'année qui entame sa migration. A-t-il passé tout l'hiver sur les côtes du Finistère, ou est-il allé jusqu'en Afrique ? Il ne m'a pas fait part de ses projets. L'espèce s'observe assez facilement en Bretagne en dehors de la période de reproduction. Cependant les mentions sur les plages de Santec sont peu nombreuses dans la base Faune France.

Puisqu'on parle de bécasseau, en voici un, l'un des plus commun sur nos côtes : le Bécasseau variable (Calidris alpina). Il s'agit ici d'un individu de retour de la toundra arctique (de nombreuses espèces de limicoles s'y rendent pour y élever leur progéniture). Il est possible que ce soit un jeune de l'année, dont c'est le premier voyage. En hiver, les Bécasseaux variables ont un aspect assez différent : le dessous est entièrement blanc et le dessus gris clair, presque unis. Je vous en avais montré dans un de mes articles sur le Bassin d'Arcachon.

Pour finir avec les limicoles, voici un Courlis corlieu (Numenius phaeopus), photographié en vol alors que l'on faisait le tour de l'île de Sieck. Cet îlot est accessible à marée basse depuis la plage du Dossen. Il est occupé par des propriétés privées, cependant son sentier côtier est théoriquement accessible au public. Le Courlis corlieu est le plus grand des limicoles présentés ici. L'espèce ne s'observe en France que pendant les migrations, en avril-mai avant la reproduction, et en juillet-août en migration post-nuptiale, contrairement à son cousin le Courlis cendré dont de grands groupes hivernent sur notre territoire.

A l'autre extrémité de la grande plage du Dossen, se trouve l'embouchure de l'Horn, un petit fleuve côtier qui sépare les communes de Plougoulm et de Santec. Ici tout le monde l'appelle "la rivière". C'est l'endroit idéal pour observer les Aigrettes garzettes (Egretta garzetta), surtout à marée basse.

On termine la promenade sur la plage du Dossen, où l'on retrouve d'autres Grands Gravelots qui se reposent sur le sable fin. Sur cette même plage, il y avait aussi de nombreux Bécasseaux sanderlings, une espèce que je vous ai présentée précédemment.

Toutes les photos de cette série ont été prises en août 2012. On se retrouve bientôt, toujours en Bretagne et probablement pas très loin de Santec.