Le centre-ville de Figeac, avec ses ruelles, ses vieilles pierres et ses toits de tuiles, offre un habitat idéal au Martinet noir (Apus apus). Dès le mois d'avril, et jusqu'à fin juillet, le ciel de la cité de Champollion résonne de leurs cris stridents. Les Martinets noirs sont très difficiles à photographier : ils ne se posent quasiment jamais et volent très vite. Leur couleur noire nécessite une bonne lumière pour pouvoir mettre en valeur les détails de l'oiseau.

Ce matin-là, j'avais quelques heures de libre pendant que ma voiture était au garage. La météo était exécrable, mais au bout d'une heure à attendre que la pluie s'arrête, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai recherché des sujets intéressants à photographier. En errant dans les ruelles, j'ai fini par repérer une colonie de martinets sous les tuiles d'une toiture pas trop haute. Les conditions étaient pourries : ciel plombé, mur à l'ombre et à contre jour. Je ne pensais pas obtenir quelque chose de publiable, mais finalement le résultat est montrable. Je me suis même aventurée à faire quelques modifications de réglage de l'appareil photo. J'y suis retournée un après-midi ensoleillé, quelques jours plus tard, mais les oiseaux étaient moins coopératifs. Je vous montre donc les photos prises lors de cette matinée bien grise, à la mi-juin. Elles ont été faites sans déranger les oiseaux, depuis la ruelle, fréquentée par des touristes et des chats.
 

Les Martinets noirs sont des oiseaux rupestres. Dans la nature, ils nichent dans les anfractuosités des falaises. Ils se sont facilement acclimatés dans nos villes et nos villages, en s'appropriant les cavités sous les toitures et dans les murs. Le martinet est beaucoup plus agile en vol que sur ses minuscules pattes. En général il entre directement dans la cavité où se trouvent ses petits, en repliant les ailes, et rampe ensuite dans le noir jusqu'à son nid. On n'a guère le temps de réagir.

Ce sont les immatures qui offrent le plus d'opportunités au photographe. Ils ne se reproduisent pas encore, mais ils suivent les adultes en migrations jusqu'à leur site de nidification, et passent l'été à s'entraîner à leur futur vie de parents : ils réalisent des simulacres d'accouplement, testent l'approche des cavités en vol, s'agrippent brièvement aux parois et s'élancent à nouveau dans les airs, en émettant des cris stridents durant toutes leurs activités.

Je ne suis pas sûre d'avoir le temps de retourner voir les martinets d'ici fin juillet, mais maintenant que j'ai repéré une de leur colonie, je ne manquerai pas d'y aller les prochaines années.