J'ai profité de mon séjour en Angleterre l'été dernier pour retourner à Stonehenge. Je l'avais visité en 1987. A cette époque-là, si mes souvenirs sont bons, on accédait directement au site depuis la route. Le monument n'était pas surveillé, seule une corde supportée par des piquets matérialisait un périmètre à respecter autour des mégalithes, dressés au milieu des champs. De nos jours, il faut passer par un "Visitor Center" situé à 2 km du site, pourvu de toutes les commodités : parking, vente des billets, toilettes, boutiques de souvenir, restauration et musée. Une fois le billet en poche (il est préférable de l'acheter à l'avance), on peut se rendre au monument à pied ou prendre une navette. Sur le trajet piéton, plusieurs panneaux expliquent l'histoire du site et présentent d'autres structures préhistoriques moins spectaculaires (talus, tumulus).
 

Stonehenge se trouve dans le sud de l'Angleterre, à environ 140 km à l'est de Londres et 20 km au nord de Salisbury, dans le comté du Wiltshire. Le site, classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1986, n'échappe pas au tourisme de masse. Faire des photos sans touriste est un véritable challenge. Je crois que je ne m'en suis pas trop mal sortie !

Stonehenge n'a pas encore livré tous ses secrets aux archéologues. Le site est probablement occupé depuis près de 10 000 ans. Plusieurs constructions, d'abord en bois puis en pierre s'y sont succédées, du néolithique à l'âge de bronze. Le monument a été plusieurs fois remanié, avec des ajouts, des déplacements et des réutilisations de pierres. La première version du complexe a été érigée entre 2 800 et 2 100 av. J.-C.. Il s'agissait d'un fossé circulaire entourant un talus lui aussi circulaire, de trous et vraisemblablement de structure en bois aujourd'hui disparu. Plusieurs squelettes humains datant de cette période ont été retrouvés sur le site ou dans la région proche. Certains d'entre eux étaient entourés de nombreux objets, dont des vases de la culture campaniforme, qui s'est développée dans toute l'Europe à cette période-là. Les analyses de l'émail des dents des squelettes ont montré qu'au moins deux individus, dont les tombes étaient richement pourvues, étaient nés dans les Alpes. Certains archéologues émettent l'hypothèse que ces migrants venus du continent auraient apporté la métallurgie du cuivre en Angleterre, ce qui aurait aidé à construire Stonehenge.

Les grandes pierres que l'on voit de nos jours ont été dressées lors de l'âge du bronze, vers 2 000 av. J.-C.. Leurs dimensions et leurs poids sont impressionnants : les plus grandes dépassent les 6 mètres de haut et pèsent entre 25 et 50 tonnes. Les piliers et les linteaux sont assemblés par des tenons et des mortaises, comme on le fait en menuiserie. Ces pierres proviennent de plusieurs carrières situées à environ 40 km du site. Elles ont succédé à un cercle de pierres bleues plus petites, construit seulement quelques siècles auparavant. Certaines de ces pierres bleues sont encore visibles au centre du monument. Elles ont longtemps intrigué les archéologues, car ce type de pierre bleue n'est pas présent dans la région. Nous savons maintenant qu'elles proviennent du Pays de Galles. Les transporter avec les moyens de l'époque était une véritable prouesse.

Au fur et à mesure des recherches, on en sait un peu plus sur la chronologie de la construction de Stonehenge et les techniques utilisées. Par contre, la fonction du monument reste mystérieuse. Observatoire astronomique, centre de pèlerinage et de guérison, plaque tournante du commerce avec le continent ? Les hypothèses sont nombreuses et difficiles à valider, c'est peut-être aussi cela qui fait l'attrait du lieu.