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Le parc de Bercy est un des parcs parisiens les plus récents. Aménagé le long des quais de Seine, dans le XIIe arrondissement, à l'emplacement des anciens entrepôts vinicole de Bercy, il vient de fêter ses 30 ans. La partie sud du parc comporte plusieurs bassins et une roselière. C'est un paradis pour les oiseaux d'eau, en particulier les Canards colverts et les Gallinules poule-d'eau. Un Héron cendré y a ses habitudes. Il y a une dizaine d'années, lors d'un hiver particulièrement froid, un Râle d'eau y avait même séjourné quelques jours.
D'après l'Atlas des Oiseaux nicheurs du Grand-Paris, basé sur des prospections réalisées entre 2015 et 2018, le parc de Bercy abrite la plus grande population nicheuse de Gallinules poule-d'eau (Gallinula chloropus) de la capitale, avec 5 couples nicheurs. A la belle saison, on est presque sûr d'y croiser des poules d'eau de tout âge.
Voici d'abord les adultes. Le plumage sombre, presque noir, est rehaussé d'un peu de blanc au niveau des ailes et sous la queue. La plaque frontale rouge surmontant le bec rouge à pointe jaune sont caractéristiques de l'espèce et permettent de la distinguer de la Foulque macroule, qui est légèrement plus grande et possède un bec et une plaque frontale blancs. Les pattes de la poule d'eau adulte sont jaune verdâtre. On l'observe toute l'année au parc de Bercy. Au printemps, les nids sont assez facile à voir, construits au bord de l'eau sur des supports artificiels ou naturels.
L'aspect des immatures et des juvéniles peut être assez déroutant suivant leur âge. Les marques blanches aux ailes et sous la queue sont identiques à celles de l'adulte et sont un bon critère d'identification. Le plumage est brun-gris, les pattes grisâtres, et le bec passe par plusieurs phases entre celui du poussin et celui de l'adulte. Dans les parcs parisiens, il y a peu de chance de les confondre avec de jeunes foulques, car la Foulque macroule est absente de la plupart de ces endroits, même si depuis quelques années elle tente de s'implanter dans la capitale. Les foulques semblent avoir besoin de plans d'eau plus vastes que les poules d'eau. Les jeunes poules d'eau parisiennes, comme les adultes, ne sont pas farouches. Mais ce n'est pas une raison de partager les pains au chocolat de vos enfants avec elles (je l'ai vu faire, je n'ai pas osé intervenir).
A la naissance, les poussins de poule d'eau sont des boules de duvet noir avec un bec rouge à pointe noire et jaune et des pattes noires. Ce qui frappe surtout chez les jeunes poules d'eau, ce sont les pattes démesurées par rapport au reste du corps, comme si elles atteignaient la taille adulte quelques heures après la sortie de l'œuf, alors que le poussin n'a pas encore commencé à grandir. Ces poussins sont très amusants à photographier. La dernière fois que je suis allée au parc de Bercy, en mai dernier, j'ai passé un bon moment avec eux !
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Armentières-sur-Ourcq est un petit village du sud de l'Aisne, situé entre Château-Thierry et Soissons, dans la vallée de l'Ourcq. Son château médiéval, bien que partiellement en ruine, est un témoin fort de son époque. Il a été construit au XIIIe siècle par les chevaliers d'Armentières, et agrandi au XVIe siècle par leurs successeurs. Sa situation inhabituelle, dans une vallée marécageuse, était un atout car cela le rendait difficile à attaquer. A partir de 1620, il est converti en ferme, et échappe ainsi aux destructions de la Révolution Française, car plus aucun membre de la noblesse n'y habitait. Au début de la 1ère guerre mondiale, il avait encore fière allure, même s’il servait depuis longtemps de bâtiment agricole. Les destructions de la guerre et les problèmes d'humidité liés aux marécages environnants et à l'aménagement de l'Ourcq, qui coule non loin de là, ont malheureusement accéléré la dégradation du château.
Le château d'Armentières reste cependant un témoignage exceptionnel de l'architecture médiévale, qui lui a valu d'être classé monument historique en 1921. Le grand logis est la partie la plus ancienne du château. c'est un bâtiment de forme rectangulaire, avec une tour ronde à chaque angle. Sa façade sud, emblématique, est percée d'une grande porte entourée de deux tourelles, dont une s'est malheureusement écroulée en 2013. Ce type de tourelle couverte d'une toiture en pierre en forme d'écailles de poisson avec arêtiers à crochets est assez exceptionnel. A la Renaissance, des fenêtres à meneaux sont ouvertes pour amener plus de lumière dans les intérieurs. Du grand logis, on accède à la cour intérieure, appelée cour noble. De chaque côté de la cour se dressaient autrefois des logis renaissance. A l'opposé du grand logis, la cour est dominée par le donjon, construit au XVIe et encore bien préservé. Il est accessible par une tour escalier qui vient d’être rénovée. Ceux qui ont la chance de monter au donjon peuvent admirer sa magnifique charpente.
Depuis 2004 des travaux de consolidation et de restauration ont lieu avec le concours de l'État, de la Fondation du Patrimoine et de la mission Bern. Le prochain objectif serait de remettre une couverture au grand logis, la partie la plus ancienne du château.
Le château est privé mais peut se visiter à quelques occasions, comme les journées du patrimoine. J'ai la chance d'y aller régulièrement car je connais bien les propriétaires. Les photos de cet article ont été prises cette année, celles ci-dessus au printemps et celles qui suivent en juillet. Pour voir d'autres photos c'est par ici : Les rapaces du Château d'Armentières-sur-Ourcq
Merci encore à François, Sophie et Marie pour leur accueil à chaque fois que je viens au château, et pour les explications passionnantes qui nous ramènent au temps des chevaliers et des princesses !
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Je vous ai déjà emmené plusieurs fois au Parc des Bruyères à Fère-en-Tardenois, non loin du village du sud de l'Aisne où j'ai habité pendant quelques années. Le Conservatoire d'Espace Naturel des Hauts-de-France, qui gère le site, y a balisé deux circuits. Le premier est consacré à la Huppe fasciée (qui est un nicheur rare dans ces contrées septentrionales). J'ai eu la chance d'y voir une petite famille de huppes il y a quelques années, seulement de loin. Je crois que l'espèce y niche encore. Le deuxième parcours est consacré à l'Aconit du Portugal, une plante emblématique du site que je n'avais pas encore vue, car elle fleurit en août, période où je suis rarement dans la région.
C'est sans trop d'espoir que je suis partie à sa recherche le 31 août dernier, en me disant que si tard dans le mois je n'avais probablement aucune chance de la trouver. En passant au bord d'un des étangs, je m'arrête discuter quelques instants avec le garde-pêche, et je lui demande s'il a déjà vu les Aconits du Portugal. Il me dit que oui, qu'il faut regarder dans le marais, à l'endroit du panneau d'information, mais il ne sait pas s'ils sont encore en fleur…
Je continue donc ma randonnée jusqu'à la zone marécageuse où la mystérieuse plante est supposée croître chaque été. Au début je ne vois rien, seulement des saules et de grandes fleurs à ombelles blanches appelées reines des prés. Et puis, en scrutant la végétation, dans une direction où je ne regardais pas forcément d'habitude, je vois une inflorescence violette dépasser au-dessus des hautes herbes. Je contourne un arbuste au bord du sentier et là j'en vois d'autres ! J'avais le téléobjectif, car à chacune de mes sorties au parc des Bruyères j'espère rencontrer les Bouvreuils pivoines. J'ai donc pu photographier les Aconits de loin, sans piétiner la végétation. Certaines fleurs étaient déjà bien avancées, je pense avoir eu de la chance !
L'Aconit du Portugal est une plante très rare et protégée, qui se plaît seulement dans les marais tourbeux de plaine. L'assèchement des zones humides et la fermeture des milieux sont des menaces pour l'espèce. C'est pourquoi les saules cendrés qui poussent dans le marais du Parc des Bruyères sont régulièrement coupés. D'après mes recherches, l'Aconit du Portugal est une sous-espèce de l'Aconit napel (Aconitum napellus), dont les différentes variétés poussent toutes en Eurasie. C'est une plante vivace, herbacée, mesurant jusqu'à 1,50 m de haut. Ses fleurs bleues ou violettes, en forme de casque, sont regroupées en grappes allongées. Elles sont appréciées des bourdons, qui en retour se chargent de leur pollinisation. La plante repousse chaque année à partir d'un rhizome. Toutes les parties de la plante sont extrêmement toxiques, on dit même que c'est la plante la plus toxique d'Europe. Quelques grammes de sa racine suffisent à provoquer la mort d'un humain en moins d'une heure. Par contre, les bourdons semblent être immunisés contre le poison. D'ailleurs il y en a un sur la dernière photo de la série !
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Le XIXe sommet de la Francophonie, qui s'est déroulé il y a quelques jours, les 4 et 5 octobre 2024, a permis de braquer les projecteurs sur la toute nouvelle Cité Internationale de la Langue Française, située à Villers-Cotterêts dans l'Aisne. C'est peut-être une des seules réalisations du président Emmanuel Macron que l'Histoire retiendra. Comme je vais encore régulièrement dans ce département du sud des Hauts-de-France, j'ai eu l'occasion de la visiter seulement quelques mois après son ouverture.
Le projet a permis tout d'abord de rénover le château de Villers-Cotterêts, à l'abandon depuis de nombreuses années, après avoir servi entre autres d'hospice et de maison de retraite. Cette résidence royale fut construite par le roi François 1er, qui y résidait régulièrement. Il appréciait sa situation proche de Paris et la forêt de Retz fort giboyeuse qui l'entoure. C'est ici qu'en 1539 il signe l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui impose l'usage du français dans les actes administratifs et juridiques, en lieu et place du latin, et qui, comme tous les généalogistes le savent, demande au curé de chaque paroisse de tenir un registre des baptêmes et des sépultures.
La Cité a été conçue comme un lieu culturel consacré à la langue française, avec un parcours permanent, des expositions temporaires, un auditorium, des résidences d'artistes etc. Les avis sur l'exposition permanente sont assez partagés. La plupart des personnes sont enthousiastes, certains y sont même allés plusieurs fois. De mon côté je n'ai pas vraiment accroché, j'ai trouvé ça un peu fouillis et cacophonique, sans vraiment de fil conducteur. La muséographie est très moderne, à base de supports multimédias et d'activités ludiques avec lesquelles le visiteur doit interagir. Ce n'est pas trop mon truc, je préfère les expositions plus classiques en fin de compte.
Par contre j'ai trouvé la restauration du château vraiment très réussie. On y découvre des joyaux de la sculpture et de l'architecture de la Renaissance française, superbement mis en valeur. La salamandre, emblème de François 1er, est omniprésente dans les pièces traversées, au plafond et sur les rambardes des escaliers du roi et de la reine, et dans la chapelle royale, où se termine le parcours de l'exposition permanente.
Le château est très bien situé, à l'orée de la Forêt de Retz et tout proche du centre ville de Villers-Cotterêts. Alors si comme moi vous ne vous attardez pas à l'exposition, plusieurs possibilités s'offrent à vous : une randonnée en forêt ou un verre en terrasse, face à la statue d'Alexandre Dumas, natif de la ville. Le sud de l'Aisne est une terre d'écrivains, de Jean de La Fontaine, né à Château Thierry, en passant par Jean Racine, originaire de La Ferté Milon, ou Paul Claudel, qui passa son enfance à Villeneuve-sur-Fère. Je m'attendais à ce que tous ces écrivains soient plus présents dans le parcours de la Cité Internationale de la Langue Française…
Après la visite de l'exposition nous avons testé le Sentier de la Salamandre, une randonnée dans la Forêt de Retz qui démarre juste derrière le château, en empruntant l'allée royale. En théorie, la balade fait 9 km mais on s'est un peu perdu. Le circuit est balisé en jaune, et le terrain est globalement plat. Outre la forêt, on peut y admirer quelques édifices historiques, comme l'ermitage Saint-Hubert, maillon du système d'adduction d'eau qui alimentait Villers-Cotterêts, ou encore les tours d'angles de l'ancien mur d'enceinte du château.
La Forêt de Retz est une des plus grandes forêts domaniales à proximité de Paris. Elle vient d'ailleurs d'être labellisée Forêt d'Exception. Cette forêt, témoin de l'histoire de France et immense réservoir de biodiversité dans cette région de grandes cultures, recèle bien d'autres lieux intéressants à visiter. En voici deux que je peux vous conseiller car j'y suis allée.
Le village de Longpont vous fera remonter le temps jusqu'au Moyen Âge, grâce aux ruines de son abbaye cistercienne des XIIe et XIIIe siècle et à sa pittoresque porte fortifiée flanquée de 4 tourelles. Au temps de son apogée, l'abbaye abritait plusieurs centaines de moines, qui n'avaient aucun mal à tenir dans l'église, aussi grande que la cathédrale de Soissons. L'abbaye, déjà sur le déclin, fut partiellement détruite lors de la Révolution. Longpont a également beaucoup souffert lors de la première guerre mondiale : le village est dévasté à 80% et est même décoré de la Croix de Guerre, comme quelques autres villages de la région.
C'est non loin de Longpont, au nord de la Forêt de Retz, que se dresse un autre monument évoquant la Grande Guerre : il s'agit de la Tour d'observation du Général Mangin, reconstruite et inaugurée en 2018, pour les commémorations du centenaire de la 2nde bataille de la Marne, prélude à la victoire de 1918. Cette tour en bois d’environ 30 mètres de haut, dont le sommet se trouve juste au-dessus de la canopée, permettait aux troupes alliées d'observer le plateau du Soissonnais sans être vues par l'ennemi. La tour d'origine disparaît lors d'une tempête en 1924. Sa réplique moderne respecte l'architecture de l'édifice original, tout en étant conforme aux normes de sécurité actuelles. Conçue comme un musée en plein air, la scénographie de la tour permet de découvrir à chaque palier un pan de la biodiversité de la forêt ou un épisode de la bataille qui s'est jouée à ses pieds, dans les campagnes du sud de l'Aisne.
Accessible en train, à moins d'une heure de Paris, la Forêt de Retz offre aux visiteurs une immersion dans l'une des plus belles forêts de France, et une plongée dans l'histoire et la littérature ! Sans oublier le beau ciel bleu des Hauts-de-France !
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Le village de Lacapelle-Marival est situé dans l'est du département du Lot, à environ 20 km au nord de Figeac. Il est dominé par un imposant château médiéval, classé monument historique. Ce château appartenait à la famille Cardaillac, l'une des plus puissantes de la région du Quercy au Moyen-Âge. Les Cardaillac possédait la seigneurie de Lacapelle-Marival depuis le XIIIe siècle. Originaires de Cardaillac, petit village au nord de Figeac, ils étendaient leur influence jusqu'à Saint-Cirq-Lapopie et sur une grande partie du Causse du Quercy. Le château actuel fut construit entre le XVe et le XVIe siècle, après la guerre de 100 ans. Bien qu'il ait l'aspect d'un château fort, il n'a jamais joué le rôle de forteresse. Actuellement, c'est une propriété de la commune de Lacapelle-Marival. La mairie est d'ailleurs installée dans une partie du château.
L’association Art et patrimoine organise chaque année des expositions d'art dans les salles du château, au printemps et en été, et propose des visites guidées de l'édifice, tout l'été et certains week-ends. La visite guidée est vraiment intéressante, car elle permet d'accéder à des parties non accessibles sans guide, comme le chemin de ronde. On commence par les extérieurs, ce qui permet de comprendre les différentes phases de la construction du château. On passe ensuite dans les salles où se déroulent les expositions, qui sont en accès libre, et enfin dans les étages, seulement visibles en visite guidée. On découvre en particulier des plafonds à la française magnifiquement décorés. Le chemin de ronde offre de belles vues sur le village et son église et sur la campagne environnante. La visite se termine dans la salle du conseil municipal, qui sert aussi pour la célébration des mariages.
Les parties non rénovées du château font le bonheur de nos amis les oiseaux. Le jour de notre visite, en août 2023, nous avons eu la chance d'apercevoir 3 jeunes Faucons crécerelles (Falco tinnunculus) à la fenêtre d'une des tours sud. Comme nous n'avions que nos téléphones, j'y suis retournée le lendemain avec le téléobjectif. Mais les faucons n'étaient plus là. Espérant qu'ils apparaissent à nouveau à la fenêtre, j'ai attendu un moment au pied du château, en vain. J'en ai quand même profité pour observer les autres hôtes des lieux : des Choucas des tours (Coloeus monedula), des Pigeons bisets (Columba livia) et une Tourterelle turque (Streptopelia decaocto).
Cela fait maintenant plus d'un an que nous sommes installés dans le Lot, ce magnifique département. J'ai déjà beaucoup de choses à vous montrer, les villages, le patrimoine rural, les randos, la faune et la flore locale, mais j'ai pris beaucoup de retard dans le tri des photos. En attendant, je vous propose de repartir dans le nord de la France, ça permettra aussi de laisser passer la migration d'Eklablog.
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