•  

    Les falaises de la réserve naturelle du Cap-Sizun à Goulien sont surplombées par des pelouses rases et des landes, terrain de jeu favori des quelques espèces de passereaux que nous allons découvrir ici. Ces oiseaux ne se rencontrent pas qu'en bord de mer. On les trouve surtout dans les milieux ouverts tels que les landes, les prairies, le bocage etc.

    Le Pipit farlouse (Anthus pratensis) est probablement le pipit le plus commun en toute saison dans notre pays. Il est cependant en fort déclin en Bretagne, depuis la fin des années 1980. Les raisons en sont probablement multiples : évolution des pratiques agricoles, disparition d'habitats, réchauffement climatique… Seules les populations des Monts d'Arrée et du littoral se maintiennent.

    Le Pipit farlouse comme tous les pipits a un plumage dans les tons gris, plus foncé sur le dessus, et fortement strié. Les pâtes sont rosâtres et l'ongle du doigt postérieur est très long (ce que l'on peut voir lorsque l'oiseau est posé sur un fil de clôture). Pour les autres critères, je vous laisse consulter le site Oiseaux.net ou un bon guide d'identification.

    Le Pipit farlouse est un oiseau insectivore au sens large, même en hiver : il se nourrit en fait de toute sorte d'invertébrés. C'est pourquoi les oiseaux qui nichent au nord et à l'est de l'Europe sont migrateurs, les insectes étant rares en période de gel. Les populations bretonnes sont elles plutôt sédentaires.

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    La Linotte mélodieuse (Linaria cannabina) est un passereau commun en Bretagne. Elle apprécie les landes et le bocage, mais peut se contenter pour nicher d'un buisson isolé en zone remembrée. L'espèce, en déclin dans toute l'Europe, semble se maintenir dans la péninsule armoricaine.

    Le plumage de la Linotte mélodieuse est globalement brun. Le mâle arbore une belle couleur rouge sur le devant de la calotte et la poitrine (mais ici il est de dos, ce n'est pas très visible). La femelle n'a pas de rouge et son plumage est plus strié que celui du mâle. Le bec conique nous renseigne sur le régime granivore de l'oiseau. La Linotte mélodieuse préfère les graines petites à moyennes, qu'elle consomme directement sur les plantes herbacées ou dans les arbres, à la belle saison, et plutôt au sol en hiver. Dans les premiers jours de leur vie, les oisillons sont nourris de petites larves d'insecte, riches en protéine, puis ils passent rapidement au régime granivore de leur parents.

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    Le Tarier pâtre (Saxicola rubicola) est aussi une espèce commune en Bretagne. Sédentaire sauf pendant les vagues de froid (plutôt rare dans la région), il apprécie les landes du littoral et de l'intérieur des terres, mais il peut se contenter des haies de bord de route pour nicher.

    Le mâle est facile à reconnaître avec son plumage tricolore, noir sur le dessus et la tête, roux sur la poitrine et blanc au niveau du collier et du ventre. La femelle, que nous n'avons pas photographiée ici, a un plumage plus terne, brun dessus, roux pâle dessous. On la repère assez facilement une fois le mâle localisé, car les Tariers pâtres vivent en couple toute l'année. Le Tarier pâtre est presque exclusivement insectivore. Il chasse à l'affut sur un perchoir bien en vue, ce qui est bien pratique pour le photographier !

    Des passereaux sur la lande

     

    Des passereaux sur la lande

     

    Ici se termine cette série d'article sur la réserve naturelle du Cap-Sizun. Nous restons cependant en Bretagne, direction les Côtes d'Armor.


    6 commentaires
  •  

    Trois espèces de Corvidés nichent dans la réserve du Cap-Sizun sur la commune de Goulien, dans le sud du Finistère. Ils ont pour point commun leur plumage noir mais cela s'arrête là.

    Le plus facile à observer est le Choucas des tours (Coloeus monedula). Le plus petit corvidé de France est très commun dans toute la Bretagne. Alors qu'en ville il niche dans les cheminées, ici il construit son nid dans les cavités des falaises. De loin il paraît sombre, mais de près on s'aperçoit qu'il est plutôt gris que noir, surtout au niveau du cou et de la tête. Le bec noir assez court et les yeux bleu clair permettent de l'identifier à coup sûr.

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les deux autres espèces de Corvidés présentes sur les falaises de Goulien sont bien plus rares, on peut même dire qu'elles sont emblématiques de la réserve. Le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) est légèrement plus grand que le Choucas des tours. On le reconnait à son long bec rouge, qui lui permet de capturer les insectes dont il se nourrit. Seulement 5% de la population française de Crave à bec rouge vit en Bretagne. C'est un oiseau que l'on peut rencontrer plus facilement dans le Massif Central, les Pyrénées ou les Alpes. La population bretonne est cantonnée à quelques zones de falaises littorales, à Belle-Île, Ouessant, dans la presqu'île de Crozon et ici à la réserve du Cap-Sizun. Il niche dans les cavités des falaises et se nourrit en chassant les insectes sur les landes et les pelouses rases qui les surplombent. Depuis les années 2000 les populations bretonnes sont en expansion, après un fort déclin dans les décennies précédentes. L'espèce est revenue nicher à Goulien en 1999.

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    La troisième espèce observable à Goulien est le Grand Corbeau (Corvus corax). Comme pour le Crave à bec rouge, la population bretonne du plus grand des corvidés est isolée des autres populations françaises (l'espèce est présente dans la plupart des massifs montagneux de notre pays). Tout noir, le Grand Corbeau ressemble à une Corneille géante (il est plus grand qu'une Buse variable). Le bec très fort aide à l'identification. En mai de cette année 2021, nous avons pu en observer une famille avec des jeunes, mais seulement de loin. Les rafales de vent n'ont pas facilité les prises de vues. C'était cependant une belle rencontre, la première fois que nous observions l'espèce en Bretagne.

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Les Corvidés de la réserve de Goulien

     

    Dans le prochain article, je vous présenterai quelques passereaux plus petits, que nous avons rencontrés sur les landes de la réserve. En attendant, profitez bien du soleil, qui est enfin revenu !


    6 commentaires
  •  

    Le Fulmar boréal (Fulmarus glacialis) est un oiseau pélagique qui ne vient à terre que pour se reproduire. Il passe le reste de l'année en haute mer, où il se nourrit de poissons et de divers animaux marins. La Bretagne constitue la limite sud de son aire de reproduction européenne. Les principales colonies de la région se trouve aux Sept-Iles (au large de Perros-Guirec) et à Ouessant. Quelques couples ont choisi de nicher sur les falaises de la Réserve du Cap-Sizun à Goulien dans le Finistère sud.

    Le Fulmar boréal ne construit pas de nid. L'unique œuf est déposé à même la falaise, sur une corniche, généralement durant la deuxième quinzaine de mai. Les parents le couvent à tour de rôle pendant 52 à 53 jours. Le poussin quitte la falaise au bout de 7 semaines, à la fin de l'été.

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    A Goulien, une plate-forme permet d'observer les Fulmars sur la falaise qui fait face au sentier. Cependant la distance est assez importante, et l'on réussit souvent de meilleures photos des oiseaux en vol, lorsqu'ils passent à proximité de l'observatoire. Les Fulmars boréaux qui nichent en France ont un plumage gris clair sur le dessus et blanc sur le dessous, comme les Goélands argentés et les Mouettes tridactyles, deux espèces que l'on rencontre dans les mêmes milieux. Cependant la silhouette n'est pas la même, le Fulmar est plus trapu que les goélands et les mouettes. En vol les ailes sont tendues, les coup d'ailes sont rapides et peu amples. Le Fulmar vole souvent près de la surface de l'eau. De près, on remarque son bec jaune et gris, très particulier : il est surmonté de tubes qui permettent à l'oiseau de dessaler l'eau de mer. Plus au nord, en Arctique, il existe une forme plus sombre du Fulmar boréal, entièrement gris-bleu.

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Des Fulmars sur la falaise

     

    Après ces glissades au dessus des vagues de l'Atlantique avec les Fulmars boréaux, nous resterons à Goulien pour découvrir les espèces de Corvidés qui y nichent.


    8 commentaires
  •  

    La Réserve naturelle du Cap Sizun se trouve sur la commune de Goulien, à quelques kilomètres de la Pointe du Raz. Créée en 1959 par un ornithologue passionné, qui souhaitait préserver la faune exceptionnelle de ce coin de falaise bretonne, le site est actuellement géré par le département du Finistère et l'association Bretagne Vivante.

    Pour s'y rendre, suivre la direction de la Pointe du Raz depuis Douarnenez. La réserve se trouve sur la droite, un peu avant d'arriver à l'intersection qui mène au bourg de Goulien. La visite est libre et gratuite. Un sentier permet de parcourir la lande et de s'approcher au plus près du rebord des falaises.

    En Bretagne, il fait parfois un peu gris, mais cela ne dure jamais très longtemps. Avec un peu de patience, le brouillard se lève, et l'on peut profiter du paysage grandiose, comme on le verra dans la suite de l'article.

    La réserve du Cap Sizun

     

    En attendant, nous pouvons faire connaissance avec les habitants du coin. Les Goélands argentés (Larus argentatus) sont présents ici en nombre. Ce sont souvent les premiers que l'on aperçoit en empruntant le sentier.

    La réserve du Cap Sizun

     

    Sur ces falaises nichent les oiseaux pélagiques emblématiques de la réserve, tel que le Fulmar boréal, auquel je consacrerai une série de photos dans les prochains jours, et la très discrète Océanite tempête, le plus petit de nos oiseaux marins, que nous n'avons pas eu la chance d'observer.

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    Même par temps gris, les couleurs des lichens et des fleurs, et les mouvements incessants des oiseaux, apportent de la vie et de la gaieté au site.

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    Deux autres espèces de goélands nichent sur la réserve : le Goéland marin (Larus marinus), ci-dessous, et le Goéland brun, assez ressemblant mais plus petit, avec un bec moins fort et des pattes jaunes.

    La réserve du Cap Sizun

     

    Par beau temps, on aperçoit au loin la presqu'île de Crozon et même parfois la pointe Saint-Mathieu. Par contre, la mer reste déchaînée quelle que soit la météo, ce qui ne semble pas perturber plus que ça nos amis les goélands, habitués du spectacle.

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    La réserve du Cap Sizun

     

    Outre les oiseaux marins, le site abrite de nombreux passereaux qui se plaisent dans les landes et sur les pelouses rases. Les Corvidés en font partie, et parmi eux, deux espèces devenues extrêmement rare en Bretagne, le Grand Corbeau et le Crave à bec rouge. Afin de maintenir la végétation rase favorable à ce dernier, des moutons et des poneys sont chargés de la tonte. La photo ci-dessous pourrait s'intituler "Le mouton et le corbeau", telle une fable de la Fontaine que je vous laisse écrire. Le fabuliste, dont on fête les 400 de la naissance dans quelques jours, n'est probablement jamais venu jusqu'à l'extrémité de la Bretagne, mais ça l'aurait peut-être inspiré...

    La réserve du Cap Sizun

     

    Les photos de cette série ont été prise en mai 2018 et en mai 2021. Dans les prochains articles, nous resterons sur la Réserve du Cap Sizun pour y découvrir l'avifaune plus en détail.


    6 commentaires
  •  

    Nous faisons seulement quelques kilomètres depuis le village de Santec jusqu'au vieux port de Roscoff. D'ici partent les bateaux pour l'île de Batz, alors que les ferries pour l'Angleterre et l'Irlande sont basés à la gare maritime, en dehors du bourg.

    Les Aigrettes garzettes (Egretta garzetta) sont omniprésentes, c'est assez impressionnant car je n'ai pas le souvenir d'en avoir vu lorsque petite j'allais en bord de mer avec mes parents. En fin de compte, c'est tout à fait normal, car l'Aigrette garzette était très rare en Bretagne dans les années 1970-1980. L'espèce fait partie de celles qui sont toujours en forte augmentation en France, et c'est tant mieux !
     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Je vous rassure, la Bretagne n'était pas un désert ornithologique lorsque j'étais enfant. Il y avait déjà des goélands, comme maintenant. Le Goéland argenté (Larus argentatus) est le goéland le plus commun sur les côtes bretonnes. On le reconnaît à son dos gris clair et à ses pattes roses pâles (ça c'est pour l'adulte, identifier les goélands immatures c'est une autre histoire).

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Dans les villages de bord de mer, à partir du moment où l'on ne se trouve ni sur la plage ni sur le port, on peut très bien rencontrer des oiseaux qui ne sont pas inféodés au milieu marin. C'est le cas de cet Accenteur mouchet (Prunella modularis), que nous avons observé près de l'église. Exactement le même que celui que l'on trouve dans les parcs parisiens !
     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Le Pipit maritime (Anthus petrosus) est aussi un passereaux, mais contrairement à l'Accenteur mouchet, on ne le trouve qu'en bord de mer, principalement en Bretagne, et dans une moindre mesure sur les côtes du Cotentin et sur les îles de la côte Atlantique (Noirmoutier, Yeu et Ré). En hiver, il s'aventure jusqu'au Pas-de-Calais au nord et en Camargue au sud.

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    En mai c'est un vrai plaisir d'observer le Pipit maritime à la recherche de nourriture pour sa nichée. Il recherche surtout des insectes et des crustacés, sur les rochers ou sur le sable. Ses pattes sombres et les nuances grises assez froides de son plumage permettent de le différencier du Pipit farlouse, autre espèce de pipit assez commune près des côtes bretonnes.

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Quels points communs y a-t-il entre le Pipit maritime et le Goéland marin (Larus marinus) ? Aucun, à part que ce sont des oiseaux, me direz-vous. Et bien pas seulement : tous deux ont un plumage gris foncé, et ne vivent qu'en bord de mer. La comparaison s'arrête là. Le Goéland marin est le plus grand de nos goéland : avec près d'un mètre soixante-dix d'envergure, il est presque aussi grand que le Fou de Bassan (qui lui est le plus grand oiseau marin observable en France). Comme le Goéland argenté, le Goéland marin a les pattes rosâtres, mais son dos et le dessus de ses ailes sont beaucoup plus foncés.

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

      

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Ce soir là, un bâtiment des Douanes mouillait derrière la passerelle qui permet d'embarquer pour l'île de Batz à marée basse. L'île de Batz, j'y suis allée une bonne dizaine de fois, surtout lorsque j'étais enfant, mais il faudra que j'y retourne, je n'ai pas de photo à vous montrer !

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Pendant ce temps, deux Huitriers pies (Haematopus ostralegus) profitaient des derniers rayons du soleil de mai sur la plage. En France, l'huitrier pie niche essentiellement sur le littoral. C'est la Bretagne qui accueille le plus grand nombre de couples nicheurs (800 d'après l'Atlas des oiseaux de France métropolitaine). En hiver, les individus qui nichent en France sont rejoints par de nombreux congénères venus d'Europe du Nord.

    Oiseaux marins, sur le port de Roscoff

     

    Les photos de cet article ont été prises en août 2012 et en mai 2018. Pour les prochains épisodes de cette série bretonne, nous resterons sur les côtes du Finistère, mais plus au sud.


    4 commentaires