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Par regine29 le 8 Juin 2017 à 14:14
Le Pigeon colombin (Columba oenas) est le plus petit des pigeons européens. On le reconnait à son œil noir et à son plumage entièrement gris-bleuté rehaussé d'un reflet irisé sur le cou. Il vit essentiellement dans les zones boisées (forêt, bois et parc avec de vieux arbres), où il niche dans les cavités d'arbre. Mais cette espèce forestière discrète a aussi colonisé la ville. On le voit en particulier prospérer depuis des décennies à Paris.
La nidification du Pigeon colombin est attestée dans la capitale depuis le début du XXème siècle (Jardin du Luxembourg, 1911), cependant au départ il restait cantonné dans les espaces verts, et nichait de façon traditionnelle dans les cavités d'arbres (en particulier les platanes). De nos jours, l'espèce est évidemment toujours présente dans les espaces verts parisiens, tel que le Jardin des Plantes, le Jardin du Luxembourg, les Arènes de Lutèce ou le Parc de Bercy.
Pigeon colombin à l'entrée de sa loge, Arènes de Lutèce.
Au Jardin des Plantes, ces dernières années, il a malheureusement été nécessaire d'abattre certains platanes à cavités, devenus malades et dangereux. Afin de conserver l'attractivité du jardin pour les Pigeons colombins, des nichoirs spéciaux ont été disposés à bonne hauteur dans les arbres restant. Ils ont été très rapidement adoptés.
Mais les Pigeons colombins n'en sont pas restés là. On peut actuellement les observer régulièrement sur les toits de Paris, circulant sur les cheminées ou posés sur une antenne. Notre petit pigeon forestier semble avoir colonisé les toitures et les conduits de cheminée suite à l'abandon du chauffage au charbon et au bois, ce qui a libéré de nombreuses cavités potentielles. D'après l'Atlas des Oiseaux nicheurs de Paris, l'espèce est en augmentation depuis 1977. Durant la période de l'Atlas (2005-2008) la population nicheuse se situait dans une fourchette de 230 à 380 couples.
Lorsque l'on est dans la rue, les jumelles sont nécessaires pour identifier les Pigeons colombins qui vaquent à leurs occupations 7 étages plus haut, sur les toits des bâtiments haussmanniens :
Près de l'église Saint-Augustin, dans le 8ème arrondissement.
On distingue un Pigeon colombin devant les conduits de cheminée.Dans le même quartier, que je parcours cette année pour l'Atlas des oiseaux nicheurs du Grand Paris, un Pigeon colombin perché sur une antenne.
Boulevard Haussmann.
La nature reprend ses droits dans les conduits de cheminée inutilisés.
Devant, un couple de Pigeons colombins.Parfois, on peut avoir l'occasion de les observer de plus près. C'est le cas du couple que j'observe régulièrement dans ma cour, depuis 2011. Forcément quand on se trouve au 4ème étage, le 7ème est moins haut ...
C'est aussi le cas lorsque les bâtiments ont moins d'étages. Ici dans un passage donnant sur la rue Royale près de l'église de la Madeleine :
Vous l'avez compris, les toits des bâtiments haussmanniens sont très prisés par les Pigeons colombins, mais on trouve aussi beaucoup plus original. A plusieurs reprises, j'en ai observé un posé dans le clocheton central de la toiture du Grand Palais (là aussi, jumelles obligatoires vu la hauteur du bâtiment) et un couple paradant au dessus de la toiture de zinc du Petit Palais (une merveille abritant aussi la nidification de l’Étourneau sansonnet et du Moineau domestique).
Détail de la toiture du Petit Palais (ne cherchez pas les pigeons, il n'y en a pas)
Petite mise à jour du 19 juin 2017 : mercredi dernier, en continuant ma prospection pour l'Atlas des oiseaux nicheurs du Grand Paris, j'ai résolu un mystère qui m'interpellait depuis l'an dernier, concernant le Petit Palais justement. La façade principale du Petit Palais (en vis à vis du Grand Palais) est ornée de colonnes à chapiteau sculpté de fleurs et de feuillage. Derrière ces chapiteaux, l'agencement des différents éléments de la façade a laissé la place à des sortes de niches, où j'avais remarqué plusieurs nids de branchage assez grossiers. Durant le printemps 2016, n'ayant pas réussi à apercevoir les propriétaires, j'avais pensé à des corneilles ou à des pigeons ramiers. Mais la semaine dernière je suis passée au bon moment, 2 nids étaient occupés par des Pigeons colombins !
Pigeon colombin sur son nid, façade du Petit Palais.
Avec la dernière trouvaille des Pigeons colombins, on quitte les lieux de nidifications statiques de style haussmannien ou exposition universelle 1900 pour un décor industriel, mouvant, et dont la pérennité n'est pas garantie : le contrepoids de grue ! Ces contrepoids de béton sont souvent percés d'un trou, d'une taille adéquate pour que les Pigeons colombins y fassent leur nid. Bien sûr, le risque que le chantier s'arrête avant l'envol des jeunes existe ... Le Faucon crécerelle utilise aussi parfois ce type de contrepoids pour nicher. Alors la prochaine fois que vous passerez devant un chantier, ouvrez l’œil ! Vous comprendrez facilement que vu la hauteur des grues, c'est impossible de faire des photos en gros plan.
Chantier de l'Ambassade d'Allemagne, rue Franklin D. Roosevelt.
Les travaux ont débuté en 2015, la grue était déjà fréquentée par les Pigeons colombins en 2016.Autre chantier, près de l'église Saint Augustin.
Désolée pour ceux qui s'attendait à voir des photos de la forme aviaire de la Grue, les grues de chantier sont plus courantes que les Grues cendrées à Paris !
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Par regine29 le 16 Avril 2017 à 18:37
Au mois de janvier, je vous avais emmené au Pont d'Austerlitz pour y admirer les Grands Cormorans qui se reposent régulièrement sur les ducs-d'Albe de la Brigade Fluviale. Voici une nouvelle série de prises de vue, réalisées début février de cette année.
Mesdames et messieurs les cormorans sont heureux de vous présenter leur collection printemps-été : tête parsemée de plumes blanches, crête noire de type "iroquois" et tache blanche sur la cuisse.
Chez le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), mâle et femelle ont un plumage identique. Depuis quelques semaines, on ne les voit quasiment plus dans Paris, car ils sont occupés à se reproduire sur leur site de nidification (en Île de France, les principales colonies de Grand Cormoran se trouve en Seine-et-Marne, dans l’Essonne et les Yvelines). D'après l'Atlas des Oiseaux Nicheurs d'Île de France, qui vient de paraître, 500 à 550 couples de Grands Cormorans nicheraient dans la région.
Je vous souhaite de Joyeuses Pâques et beaucoup de beaux poussins à nos amis les cormorans.
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Par regine29 le 28 Janvier 2017 à 20:55
Face au Centre Pompidou, familièrement appelé "Beaubourg", sur un des côtés de la place Georges-Pompidou, se trouve un bâtiment de faible hauteur, l'atelier Brancusi, reconstitution de l'atelier de l'artiste Constantin Brancusi. Ce lieu se visite gratuitement tous les après-midi sauf le mardi, pour plus d'informations suivre le lien : https://www.centrepompidou.fr/fr/collection/latelier-brancusi. Une visite que je n'ai pas encore faite, mais si je vous en parle c'est aussi parce que ce bâtiment est le rendez-vous des pigeons du quartier. Ces derniers sont soit perché sur le toit, soit affairé à picorer tout ce que les passants laissent tomber au sol devant le bâtiment. Malgré les piques anti-pigeons disposés sur le bâtiment ils ont l'air de réussir à y nicher. Les pigeons sont tellement nombreux ici que l'on y entend un roucoulement continu et diffus, une douce musique qui change du bruit de la circulation.
Pigeons picorant au sol…
ou se reposant sur la toiture de l'Atelier Brancusi.
Celui-ci est équipé pour affronter l'hiver qui est rude cette année.
Les Pigeons de ville sont issus des différentes races de pigeons domestiques retournés à la vie sauvage au cours du XXème siècle. Le Pigeon biset (Columba livia) qui vit à l'état sauvage dans les falaises, a été domestiqué très tôt, probablement dès la Préhistoire. Sa domestication est attestée en Mésopotamie il y a environ 5000 ans, chez les Égyptiens au temps des pharaons et chez les Romains ... Le pigeon domestique était élevé pour sa viande mais servait aussi à transporter des messages en particulier en temps de guerre. Plus récemment, les colombophiles se sont intéressés à l'aspect ornemental de ces oiseaux en sélectionnant différents caractères décoratifs du plumage, et à leurs performances en vol en organisant des courses de pigeons voyageurs.
Cependant, depuis le milieu du XXème siècle, la place du pigeon dans les sociétés humaines a changé : avec l'abandon progressif des pigeonniers de ferme parfois dès le XIXème siècle, de nombreux pigeons sont retournés à l'état sauvage, mais la plupart sont restés dans les villages et les villes, profitant d'une part de l'abondance de nourriture disponible auprès de l'homme, et d'autres part des bâtiments qui leur procurent logement et chauffage. En effet, le Pigeon biset sauvage niche en falaise. Ce type d'habitat n'étant pas courant en ville ni dans les campagnes cultivées, c'est naturellement que les individus domestiques échappés ont adopté nos construction de pierre (ou de parpaing) comme falaise artificielle. La cohabitation s'est longtemps faite pacifiquement, mais de nos jours nous avons du mal à accepter de partager notre espace de vie avec des espèces animales inclassables, ni domestique, ni sauvage. C'est ainsi que le pigeon de ville est devenu un "rat volant", sale et indésirable. Heureusement ce n'est pas l'avis de tout le monde ; pour ma part je pense que Paris sans les pigeons ne seraient plus la même. Ces animaux, si on prend la peine de les observer, sont aussi fascinants que n'importe quelle autre espèce, et s'ils vivent dans nos villes, ce sont bien les humains les seuls responsables !
Voir le bel article paru récemment dans la presse : http://www.liberation.fr/debats/2016/12/22/rats-pigeons-lapins-ces-animaux-dont-les-villes-ne-veulent-plus_1536906
Les coloris variés montrent l'origine domestique de ces oiseaux.
Le plumage de ce pigeon se rapproche de celui du pigeon biset sauvage.
Un juvénile, photographié comme les autres pigeons de l'article à la mi-janvier.
Le Pigeon biset sauvage élève jusqu'à 3 couvées par an, entre fin février et octobre. Voir la fiche oiseaux.net ici : http://www.oiseaux.net/oiseaux/pigeon.biset.html. En ville, la reproduction dure toute l'année. Certains couples de pigeons recommencent à couver alors que les jeunes de la couvée précédente ne sont pas encore envolés. Croiser de jeunes pigeons en janvier n'est donc pas exceptionnel. A ce rythme, on peut comprendre que les villes cherchent à limiter le nombre de pigeons. Cependant il n'y a qu'une solution efficace pour cela : limiter l'apport en nourriture. Si les pigeons doivent se déplacer et passer beaucoup de temps à rechercher leur nourriture, ils auront moins d'énergie à consacrer à la ponte et à la couvaison, ainsi le nombre de jeunes élevés par an sera plus faible. C'est pourquoi dans de nombreux endroits il est interdit de nourrir les pigeons, en fin de compte pour leur bien car ils sont mieux tolérés par les humains s'ils ne prolifèrent pas.
Je vous propose ci-dessous d'autres portraits de pigeons toujours à Beaubourg, avec une petite plongée dans la foule.
J'espère que cet article vous fera regarder d'un autre œil les rats volants de nos villes, sans qui nos rues et nos places seraient bien tristes.
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Par regine29 le 7 Janvier 2017 à 12:22
Le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) est assez facile à observer dans Paris pour qui sait où et quand le chercher. Le meilleur coin que je connais se situe au niveau de la Brigade Fluviale près du Pont d'Austerlitz (rive gauche), et la meilleure période s'étend d'octobre à février, en dehors de la saison de nidification et d'élevage des jeunes.
Les Cormorans ne vivent pas à l'année à Paris, ils n'y dorment même pas la nuit : leurs dortoirs et leurs colonies de reproduction se trouvent en banlieue plus ou moins éloignée, les plus proches étant en Seine-Saint-Denis. Ces grands oiseaux noirs ne viennent à Paris que pour se nourrir de poissons pêchés dans la Seine. Le menu est varié : grâce aux efforts réalisés pour réduire la pollution du fleuve, de 20 à 30 espèces de poissons vivent actuellement dans la partie parisienne de la Seine, contre seulement 4 ou 5 il y a 50 ans. Ici il y a peu de concurrences et de conflits avec les pêcheurs, les poissons de la Seine étant encore interdit à la consommation humaine (à cause de leur trop forte teneur en PCB). Entre les parties de pêches, le temps se partagent entre sieste et toilette, en compagnie des Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus).
Ci-dessous des photos prises ces dernières années, des adultes (tout noir) et des juvéniles (brun foncé avec le devant plus clair).
D'ici un mois, en février, les adultes auront revêtu leur plumage nuptial, une belle occasion de faire des portraits avec un look différent :
Je profite de cet article pour vous parler de la campagne "Nuisible, mon amour !" du Corif (Centre Ornithologique d’île de France) qui a pour but de financer des actions en justice contre des arrêtés illégaux de destruction d'espèces dites "nuisibles" telle que le Grand Cormoran, le Renard roux, la Pie bavarde ou la Martre. Ci-dessous la carte de vœux du Corif présentant la campagne, et le lien pour y participer. Merci d'avance pour eux !
https://www.helloasso.com/associations/corif/collectes/soutenir-les-mal-aimes-de-la-biodiversite
A bientôt pour un article sur les rats volants de Paris ...
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Par regine29 le 19 Mai 2016 à 13:47
L'enquête sur les oiseaux nicheurs de Paris permet de belles observations de la vie de famille des oiseaux (j'ai eu la chance d'observer hier matin au Jardin des Plantes une famille de Mésanges à longue queue et une autre de Mésanges huppées, avec des petits aussi craquants les uns que les autres), mais aussi d'être témoins d'autres comportements parfois très étonnants.
Vendredi dernier (13 mai), après le déjeuner, nous sommes allés faire un petit tour à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Pas beaucoup d'indices de nidification pour cette fois mais une observation très surprenante.
Une Corneille noire (Corvus corone) se pose près de nous dans les herbes et commence à fouiller dans une fourmilière. Je me dis, c'est bizarre, je ne savais pas que les corneilles mangeaient des fourmis, quand tout à coup la corneille se vautre littéralement sur la fourmilière en écartant les ailes, et laisse les fourmis lui recouvrir le plumage, en ayant l'air contente d'elle même :
Voila ce que ça donne en gros plan, on en voit même qui passent sous les plumes :
La corneille s'applique à répartir les fourmis sur son plumage pendant 5 bonnes minutes. Le phénomène est assez peu documenté, sur Internet on trouve une mention d'un ouvrage datant de 1975 : "Le guide des oiseaux" de Sélection du Reader's Digest", et un article en anglais : https://en.wikipedia.org/wiki/Anting_(bird_activity). Il semblerait que de nombreuses espèces d'oiseaux pratiquent le bain de fourmis, l'hypothèse la plus probable étant que les fourmis dérangées émettent une grande quantité d'acide formique qui agirait comme un insecticide, un fongicide et un bactéricide afin d'aider l'oiseau à se débarrasser de ses parasites. Certains pensent qu'en plus l'acide formique renforce les plumes, en particulier celles des ailes.
Certains oiseaux en profite pour manger les fourmis qui deviennent comestibles une fois débarrassées de leur acide formique, mais cela ne semble pas être le cas de la corneille.
Une dernière photo, avant de laisser la corneille à ses occupations, avec un petit air de "ça vous pose un problème que je prenne un bain de fourmis ?" :
Et pour finir cet article, allons faire un petit tour de l'autre côté de l'Atlantique : parmi les oiseaux prenant régulièrement des bains de fourmis, on trouve aussi le Geai bleu (Cyanocitta cristata - Blue Jay), un geai très commun à l'ouest de l'Amérique du Nord. Un comportement similaire à celui de notre corneille est documenté ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Geai_bleu. Photo ci-dessous prise à Central Park, New York, mai 2013 :
Je vous dis à bientôt pour d'autres découvertes. En attendant, ce week-end c'est la fête de la Nature, profitez-en pour l’observer même au pied de chez vous, il y a toujours de merveilleuses choses à voir.
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