• Orongo et le volcan Rano Kau

      

    Pour notre première journée complète sur l'Île de Pâques, nous n'avions pas loué de voiture, certains sites étant facilement accessibles à pied (comme tout le reste, les locations de voitures sont environ 2 fois plus chères ici que sur le continent). Nos billets pour le parc national en poche, nous partons donc pour l'ascension du volcan Rano Kau, qui théoriquement se trouve à 1h30 de marche d'Hanga Roa. Quelques conseils pour ceux qui veulent tenter l'aventure : si vous logez comme nous au nord d'Hanga Roa, il vous faudra plus de temps, compter 2 bonnes heures. Prévoir beaucoup d'eau, un chapeau, de bonnes chaussures et s'il fait beau un short même en hiver car le soleil tape bien.

    Après avoir passé l'aéroport (et vu atterrir l'avion venant de Santiago, qui était à l'heure, pas comme le jour précédent), on grimpe d'abord par un sentier qui serpente entre les palmiers. Contrairement à ce que l'on imagine, l'Île de Pâques n'est pas un désert. La végétation endémique de l'île a bien souffert, mais on ne sait pas ce qui a été le pire : l'arrivée des Polynésiens, vers l'an 1000, qui ont apporté avec eux le Rat polynésien, friand de graine de palmier, la surexploitation des ressources utilisées pour ériger les moaïs, ou la transformation de l'île en élevage de moutons lorsqu'elle est devenue chilienne au XIXe siècle. Depuis, de gros efforts de reboisement ont été réalisés, en particulier autour d'Hanga Roa.
     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Au fur et à mesure que l'on monte en altitude, on découvre le panorama sur l'île, la baie d'Hanga Roa et, au fond, le mont Terevaka, point culminant et plus haut volcan de Rapa Nui. On traverse un petit bois d'Eucalyptus (arbre massivement introduit en Amérique du Sud).

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Une rando à l'île de Pâques ne serait pas complète sans un chien. Il y en a partout, surtout dans le secteur d'Hanga Roa. On ne sait pas s'ils appartiennent à quelqu'un (j'ai posé la question à notre logeur, mais pas très bien compris la réponse). Globalement ils ont l'air bien nourris et sont très gentils. Celui-ci accompagnait un petit groupe de personnes qui nous a rattrapées. Il est resté avec nous jusqu'au sommet, puis il a dû trouver d'autres humains à raccompagner pour le retour. 

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Le sentier rejoint la route goudronnée qui mène au volcan Rano Kau et au village d'Orongo, juste au bord du cratère du volcan. Le Rano Kau est un des 3 principaux volcans à l'origine de la formation de l'Île de Pâques, avec le Terevaka et le Poïke. Il culmine à environ 300 m. La caldeira mesure 1,5 km de large. Elle est occupée par une zone humide où poussent des joncs et des roseaux. C'est ici que les habitants d'Hanga Roa venaient se fournir en eau potable, jusque dans les années 1970. L'accès à la caldeira est maintenant interdit, afin de préserver la végétation endémique.

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Le volcan Rano Kau est non seulement un site naturel extraordinaire, mais c'est aussi un lieu chargé d'histoire. C'est ici qu'avait lieu chaque année les cérémonies liées au culte de l'Homme-oiseau. Ce culte perdura jusqu'à la christianisation de l'île, à la fin du XIXe siècle. Pour des raisons que l'on ignore, quelques temps avant la découverte de l'île par les premiers explorateurs européens, la plupart des moaïs furent renversés et le culte de l'Homme-oiseau devint prépondérant.

    Le site d'Orongo est constitué d'un village cérémoniel construit sur le bord ouest du cratère, face à l'Océan, de quelques îlots dont on verra plus loin l'importance, et de nombreuses pierres gravées de pétroglyphes. A l'entrée du site, un guichet pour contrôler les billets et quelques panneaux explicatifs sur l'histoire du lieu.

    Chaque mois de septembre, au début du printemps, les différentes tribus de l'île envoyait à Orongo une délégation accompagnant leur candidat à la compétition qui désignerait l'homme-oiseau pour l'année à venir. A cette période de l'année, les oiseaux marins (Sternes, Fous, Frégates etc.) reviennent aux abord de l'Île de Pâques pour nicher. Le but du jeu était de descendre de la falaise d'Orongo, de rejoindre à la nage les îlots situés en face, et d'attendre la ponte du premier œuf de sterne de l'année, qu'il fallait ensuite ramener à Orongo sans faire d'omelette. La victoire conférait prestige et pouvoir politique à la tribu du candidat qui l'emportait. De nos jours, beaucoup moins d'oiseaux reviennent nicher ici.

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Les archéologues ont retrouvé et restauré une cinquantaine d'habitations au village d'Orongo. Elles n'étaient utilisées que quelques semaines par an, pour la préparation de la compétition de l'homme-oiseau et l'attente de la ponte du premier œuf. Les tribus se rendaient ici en procession, en utilisant le même sentier que celui que nous avons emprunté pour venir.

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    A l'extrémité du village, on peut voir quelques pierres ornées de pétroglyphes. Le motif le plus fréquent était l'homme-oiseau, un homme accroupi avec une tête d'oiseau. Plus loin sur la falaise, au dessus du vide, près de 1700 pétroglyphes sont conservés. Le site est désormais inaccessible, pour des raisons de sécurité et de préservation.

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    En redescendant à Hanga Roa par le même chemin, nous croisons cette fois des vaches qui broutent entre les palmiers. L'Île de Pâques ne possède pas de mammifères endémiques, toutes les espèces présentes ont été introduites. Les premiers habitants n'ont amenés avec eux que le rat polynésien, probablement comme source de protéines (et la poule, nous en reparlerons plus tard). Les Européens et les Chiliens ont eux introduits d'autres animaux domestiques : le mouton, la vache, le cheval et le chien, et leurs bateaux ont amenés les habituels passagers clandestins que sont le rat noir et le surmulot.

    Peu après avoir pris possession de l'île, les Chiliens cédèrent sous forme de concessions la majeure partie du territoire à une compagnie privée d'élevage de moutons. Les habitants de l'île étaient parqués à Hanga Roa pour ne pas déranger les moutons ! C'est une des périodes les plus sombre de l'histoire du peuple Rapa Nui, qui se termina en 1953. Depuis, les moutons sont devenus assez rares. 

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Orongo et le volcan Rano Kau

     

    Avant de partir à la découverte du reste de l'île, je vous présenterai prochainement quelques oiseaux Pascuans (vous verrez, ce n'est guère mieux que pour les mammifères).


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 30 Août 2019 à 18:15

    Coucou Régine,
    Merci pour ces superbes paysages, je me suis régalée.
    Le volcan avec la mer en arrière plan, très beau panorama.
    Les explications sont super aussi pour les accompagner.
    Très beau ce chien avec ses chaussettes blanches.
    Bises et bonne soirée

    2
    Samedi 31 Août 2019 à 11:53

    Bonjour Régine,

    Merci pour ce reportage détaillé de ton ascension du Rano Kau et les très belles photos qui l'accompagnent. La taille de la caldeira est impressionnante !! 

    De tout ce que tu décris et racontes, j'ai particulièrement aimé tes explications sur la compétition de l'Homme-oiseau entre les différentes tribus de l'île et l'attente du premier œuf de sterne. 

    Bon week-end à toi :-)

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    3
    Dimanche 1er Septembre 2019 à 10:00

    bonjour Régine

    une suite de merveilleux paysages forts dépaysants....et je souris en regardant tes clichés de vaches qui me semblent bien de chez nous LOL !!!

    passe un bon dimanche, bises, maurice

    4
    Lundi 2 Septembre 2019 à 09:26

    Bonjour Régine, j'aime la suite de ton reportage sur cette île… bravo pour les compositions mais aussi toute la masse d'information récoltée, très utile aux futurs voyageurs. Ah oui le chien aux chaussettes blanches j'adore aussi smile

    5
    Nath
    Dimanche 8 Septembre 2019 à 23:27
    Coucou Régine.
    Quel magnifique panorama de là haut ! Combien de temps pour faire le tour du cratère ? S'il y a un sentier qui en fait le tour à l'extérieur de la caldera ? C'est encore une fois magnifique.
    La découverte des îles n'apporte pas de façons générales de bonnes nouvelles pour ses habitants, d'origine humaine, animale ou végétale ! L'explorateur est destructeur malgré lui, que c'est triste.
    Bises
      • Lundi 9 Septembre 2019 à 14:47

        Coucou Nath,

        Et bien non, ce n'est pas possible de faire le tour du cratère ! Après le village d'Orongo, qui se situe entre la Caldeira et la mer (sur la droite en regardant les photos), on arrive au site des pétroglyphes, qui est interdit d'accès. Puis il y a la brèche par laquelle on voit l'océan, la paroi du volcan à cet endroit est fragile et rongée par la mer, ils ont même peur que d'ici quelques années, elle ne s'ouvre. Alors le cratère ne serait plus qu'un trou béant sur l'océan. Les côtes de l'île de Pâques ne sont pas protégées par des barrières de corail, l'océan les ronge de tous les côtés. Certaines plate-formes de moaï sont aussi en danger. Et puis, il y a parfois des tsunami ... Une partie du patrimoine de l'humanité, bien difficile à protéger ... 

         

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