• Oiseaux nicheurs du Grand Paris : mon bilan 2017

     

    La fin de l'année approche et avec elle l'heure des bilans. Comme je l'ai déjà écrit sur ce blog, je participe depuis 3 ans à l'Atlas des oiseaux nicheurs du Grand-Paris, coordonnés par le CORIF. Sur l'année 2017 j'ai prospecté 2 carrés de 1 km sur 1 km, nommé H4 et H3. 

    J'avais déjà fait le carré H4 l'an dernier, cependant un deuxième passage permet toujours de nouvelles découvertes. Ce carré se trouve à cheval sur la Seine, avec rive gauche l'esplanade des Invalides et les rues adjacentes, et rive droite le Grand Palais, le Petit Palais et les jardins des Champs Elysées. Il s'y trouve aussi des lieux plus inaccessibles mais riches en espaces verts : le ministère de la Défense, l'Assemblée Nationale, l'ambassade de Pologne, l'ambassade des Etats-Unis ...  

    En 2016, j'y avais dénombré 11 espèces nicheuses certaines (avec en tête le Pigeon ramier, le Pigeon biset domestique, l’Étourneau sansonnet, le Merle noir), 8 espèces nicheuses probables, et 5 espèces nicheuses possibles. Pour 2017, j'ai pu observer 13 espèces nicheuses certaines, 6 espèces nicheuses probables et 3 espèces nicheuses possibles. La Mésange charbonnière, le Pigeon colombin et le Moineau domestique rejoignent le palmarès des espèces nicheuses les plus fréquentes dans le carré.

    Avec plus de 20 espèces nicheuses certaines ou probables, c'est un carré relativement riche pour le centre de Paris, grâce aux nombreux espaces verts présents. Quelques données sont assez intéressantes :

    - Les Moineaux domestiques ont été exclusivement observées rive droite, leurs sites de nidification préférés étant le Petit Palais et le Théâtre du Rond-Point.

    - La densité de Pinsons des arbres est impressionnante sur l'esplanade des Invalides, qui compte au minimum 3 couples nicheurs (plus qu'au Jardin des Plantes)

    - Les espaces verts autour des Champs Elysées et des musées abritent plusieurs espèces forestières telle que la Mésange nonnette, rare à Paris, ou le Grimpereau des jardins.

    - La Pie bavarde est ici bien représentée par rapport à la Corneille noire, contrairement à de nombreux quartiers de Paris.

    Une des plus belles observations que j'ai faite ce printemps a été la Grive musicienne qui ramassait des vers de terre pour nourrir ses jeunes, sur une pelouse face au Palais de l'Elysée. Elle niche certainement tout près, peut-être dans l'inaccessible jardin dudit palais.

    Ci-dessous quelques autres jolies observations en photo (peu car il n'est pas évident de prospecter et de photographier en même temps) :

    Bergeronnette des ruisseaux - Invalides

    Un juvénile de Bergeronnette des ruisseaux juste volant, dans un arbre sur l'esplanade des Invalides, près du commissariat du 7ème arrondissement. La famille déjà observée en 2016 est toujours là.

    Etourneau sansonnet - Invalides

    Étourneaux sansonnet juvénile, esplanade des Invalides.
    Fin mai ils rejoignent les adultes qui explorent en bande les pelouses de l’esplanade.
    L'espèce nichent surtout dans les cavités d'arbres, en particulier les marronniers qui bordent
    les Champs-Elysées.

    Troglodyte mignon - avenue Roosevelt

    Troglodyte mignon chantant devant le minuscule jardin d'un hôtel face au Palais de la Découverte. 

     

    Le 2ème carré exploré cette année est le carré H3. Bien qu'adjacent au carré H4 (il est situé exactement au nord de ce dernier) il est beaucoup plus urbanisé. Au sud on trouve le square Marigny près du Rond-Point des Champs-Elysées, le jardin du Palais de l'Elysée (vers lequel il n'est même pas envisageable de pointer les jumelles) suivi de celui de l'ambassade du Royaume-Uni. Mais dès que l'on s'éloigne vers le nord, ce n'est plus que boulevards et immeubles haussmanniens, à part le petit square Marcel Pagnol près de l'église Saint Augustin, et une impasse plus ou moins privée près de l'église Saint-Philippe du Roule. On se dit qu'entre immeubles de bureau et boutiques de luxe cela ne va pas être évident de trouver beaucoup d'oiseaux nicheurs, et pourtant ... j'y ai trouvé 13 espèces nicheuses certaines, 3 nicheuses probables et 2 nicheuses possibles.

    Les espèces les plus fréquentes sont à peu près les mêmes qu'en H4 : Merle Noir, Moineau domestique, Pigeon biset domestique, Pigeon colombin et Pigeon ramier, auxquelles il faut rajouter le Martinet noir.

    Deux espèces nicheuses ici ne sont pas très fréquentes à Paris : la Bergeronnette grise, que j'ai pu observer durant de longues minutes, attrapant des mouches sur une pelouse du square Marigny pour s'envoler vers le Rond-Point des Champs-Elysées (manège répété à plusieurs reprises), et la Mésange à longue queue, observée voletant en famille toujours au Square Marigny.

    Au cours du printemps, je vous avais déjà emmené dans le secteur, à la recherche des nids de Pigeons colombins (voir la Grue et les Pigeons colombins) et à l'église Saint Augustin, pour le Plus beau nid de corneille de Paris.

    Voici quelques autres photos prises au cours de ces explorations printanières. Dès le mois de février, les Merles noirs recommencent à chanter et donnent le coup d'envoi de la saison de nidification. Ici dans un arbuste devant un hôtel face au square Marigny :

    Merle noir - Square marigny

     

    Merle noir - Square Marigny

    Une des scènes les plus attendrissantes que j'ai pu voir ce printemps, une famille de Pies bavardes au Square Marigny (facile à approcher et à photographier, rien à voir avec les Pies de la campagne) :
      

    Pie bavarde - Square Marigny

     

    Pie bavarde - Square Marigny

     

    Souvent délaissé par les ornithologues, le Pigeon biset domestique (ou Pigeon de ville) est pourtant passionnant à étudier. Il niche sous les ponts, dans les parkings souterrains, dans les tunnels du RER, mais aussi sous les stores de magasin. Ici la devanture n'était pas terrible, mais quand on voit le même spectacle au dessus d'une vitrine de vêtements chics pour enfant c'est très drôle. 

    Pigeon biset domestique - Saint Augustin

     

    Je finirai cette article par une mention spéciale au Pigeon ramier, une espèce qui fait preuve d'une créativité sans limite quand il s'agit de nicher en ville. 

    La première photo est assez classique, on se trouve près du Grand Palais et la branchette va probablement finir avec quelques autres dans un nid sommaire construit dans un arbre.
     

    Pigeon ramier - Grand Palais

     

    Deuxième photo : il s'agit d'un immeuble bordant l'esplanade des Invalides. Regardez bien arbustes en pots au 2ème étage : sur les quatre, deux d'entres eux abritent des nids de Pigeons ramiers en construction (on ne voit pas les nids, mais j'ai vu les Pigeons y apporter des matériaux) ! 

    Nidification pigeon ramier - Invalides

     

    Allons maintenant faire un petit tour au musée du Louvre. Si vous regardez bien la couronne au dessus du monogramme de Napoléon, vous verrez une tâche sombre au dessus sur la droite. Il s'agit d'un Pigeon ramier en train de couver !

    Nidification pigeon ramier - Musée du Louvre

     

    En pour finir nos fidèles Pigeons ramiers de balcon, qui ne craignent rien, ni la chaleur (on est plein sud) ni les attaques de Corneille. Cette année un beau succès avec 2 jeunes à l'envol. Par contre le géranium n'a pas survécu au manque d'arrosage ...

    Pigeon ramier - Boulevard Saint Germain

     

    C'est peut être un de ces jeunes que j'ai croisé fin août en bord de Seine, sur l'Île Saint Louis :

    Pigeon ramier immature - Ile Saint Louis

     

    Pour 2018, qui est la dernière année de l'Atlas, on recherche des volontaires pour compléter les secteurs pas encore prospectés (Paris et départements limitrophes). Si vous êtes intéressé merci de vous faire connaître en écrivant à grandparis@corif.net. Un atlas urbain c'est une aventure passionnante, on ne fait pas beaucoup de photos mais on fait des découvertes extraordinaires. 


  • Commentaires

    1
    Dimanche 10 Décembre 2017 à 14:18

    Bonjour Régine,

    Ca doit être passionnant de découvrir ainsi que les oiseaux s'adaptent parfaitement à leur environnement, même si celui-ci n'est pas le plus adéquat. Je vois que certains choisissent les quartiers chics. :-) Combien d'habitants de la métropole ne voient pas la vie qui se déroule près d'elles? 

    Merci pour le partage et bon dimanche. 

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    2
    Dimanche 10 Décembre 2017 à 16:05

    Coucou Régine,
    Super passionnant ton travail de recherches, d'observations, d'analyse... dans les quartiers de Paris.
    Je te remercie de partager avec nous ce travail fantastique que tu as réalisé.
    Surprenant de voir certains oiseaux dans la Capitale, et pourtant...
    Bises et bonne fin de journée

    3
    Dimanche 10 Décembre 2017 à 16:43

    BONJOUR 

    Une jolie série photos des oiseaux de Paris ,mais il ne parlais pas un certain moment de suprimer des pigeons ?

    il font parait il beaucoup de dégât ....pour moi c'est pluôt  ! tout le monde a droit de vivre 

    bonne soirée bises

     

      • Dimanche 10 Décembre 2017 à 18:12

        Bonjour Zette, dans certains quartier la mairie de Paris a mis en place des pigeonniers contraceptifs, avec nourriture et nichoirs. Un agent municipal passe régulièrement stériliser les œufs. Mais il n'y a pas de programme d'éradication. De toute façon comme pour les rats ou les corneilles, la seule manière efficace de réguler les pigeons est de limiter la nourriture disponible. Pour cela, compter sur le civisme des habitants et des touristes, et surtout avoir une politique de nettoyage de la ville efficace (ce qui est loin d'être le cas actuellement). Bonne soirée.

    4
    Dimanche 10 Décembre 2017 à 16:47

    Bonsoir Régine. Ce travail d'investigation est passionnant. Tu fais un inventaire des oiseaux (l'inventaire des oiseaux : cela pourrait être du Prévert, non ?) dans une ville où très peu de gens s'intéressent aux oiseaux. J'y ai vécu 5 ans (années lycée... c'est bien loin !) et n'y ai vu que des pigeons : quelle tristesse...

    L'idée m'aurait plu... mais j'habite un peu loin !

    Bonne soirée.

    5
    Dimanche 10 Décembre 2017 à 17:14

    Bonsoir Régine,

    Bravo pour ton investissement. Il faut du temps mine de rien, mais c'est vrai qu'il faut aussi se le donner ! 

    Le réseau Rapaces de France manque cruellement d'observateurs, là c'est encore moins évident. 

    Les oiseaux de Paris relèvent d'ingéniosité pour se reproduire, je me demande si un couple de campagne largué en ville y parviendrait. Sans doute pas la première année, mais après peut-être. C'est superbe de voir des jeunes ramiers, je crois ne jamais en avoir vu. Très jeunes ils ont le bec d'un fulmar hi hi hi, tu ne trouves pas ? Les étudier au travers des vitres doit être génial. Et on s'en fiche des géraniums, c'est moche mdrrrrr. Je me souviesn bien des nids passés de corneilles et de colombins. 

    Je suis surprise de voir que les nids de columbidés ne dérangent pas ? Paris aurait-elle changé de conduite ? Quant à la famille pie, j'ai un pincement au cœur tellement fort.... 

    Bonne soirée de dimanche. Attention aux vents qui traversent la France.

     

      • Dimanche 10 Décembre 2017 à 18:22

        Coucou Nath,

        Je trouve que les jeunes ramiers ressemblent plutôt à des Dodos ! Quand à mes jardinières, je n'y plante plus rien et laisse la biodiversité s'y épanouir. Quelques cyclamens et jacinthes font de la résistance, les soucis et corbeilles d'argent semé il y a 15 ans se resèment, sinon c'est de l'herbe et des plantes sauvages. L'été comme on n'est pas souvent là pour arroser, et qu'on ne veut pas déranger les ramiers, c'est plutôt le désert, mais le reste de l'année on peut y voir des mouches, bourdons, guêpes, parfois même des papillons ou une sauterelle ...

        Les bisets, j'évite de donner l'adresse des nids ou le nom des boutiques, on ne sait jamais. Je ne suis pas sûre que les commerçants soient toujours au courant d'avoir des colocataires, il faut vraiment bien observer pour les trouver. Parfois si on passe le soir quand la circulation se calme on entend les jeunes couiner au-dessous d'une devanture mais encore faut-il savoir que ce sont des bébés pigeons ;-).

        Bises.

    6
    Lundi 11 Décembre 2017 à 07:06

    bonjour Régine

    un reportage fort interessant sur cette faune urbaine, surprenante même parfois...comme les mouettes tridac. qui viennent nicher dans les batiments du port de boulogne sur mer avant de repartir.

    bonne journée, bises, maurice

    7
    Lundi 11 Décembre 2017 à 10:14

    Bonjour Régine
    Bel investissement ! Cela m'aurait plu mais je ne vais jamais à Paris lol
    Ton blog nous permet de mieux connaître nos oiseaux
    Merci et bonne semaine
    Daniel

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