• Les rats volants de Beaubourg

     

    Face au Centre Pompidou, familièrement appelé "Beaubourg", sur un des côtés de la place Georges-Pompidou, se trouve un bâtiment de faible hauteur, l'atelier Brancusi, reconstitution de l'atelier de l'artiste Constantin Brancusi. Ce lieu se visite gratuitement tous les après-midi sauf le mardi, pour plus d'informations suivre le lien : https://www.centrepompidou.fr/fr/collection/latelier-brancusi. Une visite que je n'ai pas encore faite, mais si je vous en parle c'est aussi parce que ce bâtiment est le rendez-vous des pigeons du quartier. Ces derniers sont soit perché sur le toit, soit affairé à picorer tout ce que les passants laissent tomber au sol devant le bâtiment. Malgré les piques anti-pigeons disposés sur le bâtiment ils ont l'air de réussir à y nicher. Les pigeons sont tellement nombreux ici que l'on y entend un roucoulement continu et diffus, une douce musique qui change du bruit de la circulation.

    Les rats volants de Paris

    Pigeons picorant au sol… 

    Les rats volants de Paris

    ou se reposant sur la toiture de l'Atelier Brancusi.
     

    Les rats volants de Paris

     Celui-ci est équipé pour affronter l'hiver qui est rude cette année.

     

    Les Pigeons de ville sont issus des différentes races de pigeons domestiques retournés à la vie sauvage au cours du XXème siècle. Le Pigeon biset (Columba livia) qui vit à l'état sauvage dans les falaises, a été domestiqué très tôt, probablement dès la Préhistoire. Sa domestication est attestée en Mésopotamie il y a environ 5000 ans, chez les Égyptiens au temps des pharaons et chez les Romains ... Le pigeon domestique était élevé pour sa viande mais servait aussi à transporter des messages en particulier en temps de guerre. Plus récemment, les colombophiles se sont intéressés à l'aspect ornemental de ces oiseaux en sélectionnant différents caractères décoratifs du plumage, et à leurs performances en vol en organisant des courses de pigeons voyageurs.

    Cependant, depuis le milieu du XXème siècle, la place du pigeon dans les sociétés humaines a changé : avec l'abandon progressif des pigeonniers de ferme parfois dès le XIXème siècle, de nombreux pigeons sont retournés à l'état sauvage, mais la plupart sont restés dans les villages et les villes, profitant d'une part de l'abondance de nourriture disponible auprès de l'homme, et d'autres part des bâtiments qui leur procurent logement et chauffage. En effet, le Pigeon biset sauvage niche en falaise. Ce type d'habitat n'étant pas courant en ville ni dans les campagnes cultivées, c'est naturellement que les individus domestiques échappés ont adopté nos construction de pierre (ou de parpaing) comme falaise artificielle. La cohabitation s'est longtemps faite pacifiquement, mais de nos jours nous avons du mal à accepter de partager notre espace de vie avec des espèces animales inclassables, ni domestique, ni sauvage. C'est ainsi que le pigeon de ville est devenu un "rat volant", sale et indésirable. Heureusement ce n'est pas l'avis de tout le monde ; pour ma part je pense que Paris sans les pigeons ne seraient plus la même. Ces animaux, si on prend la peine de les observer, sont aussi fascinants que n'importe quelle autre espèce, et s'ils vivent dans nos villes, ce sont bien les humains les seuls responsables !

    Voir le bel article paru récemment dans la presse : http://www.liberation.fr/debats/2016/12/22/rats-pigeons-lapins-ces-animaux-dont-les-villes-ne-veulent-plus_1536906

    Les rats volants de Paris

     Les coloris variés montrent l'origine domestique de ces oiseaux.

     

     Les rats volants de Paris

    Le plumage de ce pigeon se rapproche de celui du pigeon biset sauvage.

     

    Les rats volants de Paris

      Un juvénile, photographié comme les autres pigeons de l'article à la mi-janvier.

     

    Le Pigeon biset sauvage élève jusqu'à 3 couvées par an, entre fin février et octobre. Voir la fiche oiseaux.net ici : http://www.oiseaux.net/oiseaux/pigeon.biset.html. En ville, la reproduction dure toute l'année. Certains couples de pigeons recommencent à couver alors que les jeunes de la couvée précédente ne sont pas encore envolés. Croiser de jeunes pigeons en janvier n'est donc pas exceptionnel. A ce rythme, on peut comprendre que les villes cherchent à limiter le nombre de pigeons. Cependant il n'y a qu'une solution efficace pour cela : limiter l'apport en nourriture. Si les pigeons doivent se déplacer et passer beaucoup de temps à rechercher leur nourriture, ils auront moins d'énergie à consacrer à la ponte et à la couvaison, ainsi le nombre de jeunes élevés par an sera plus faible. C'est pourquoi dans de nombreux endroits il est interdit de nourrir les pigeons, en fin de compte pour leur bien car ils sont mieux tolérés par les humains s'ils ne prolifèrent pas.

    Je vous propose ci-dessous d'autres portraits de pigeons toujours à Beaubourg, avec une petite plongée dans la foule.

    Les rats volants de Paris

     

    Les rats volants de Paris

     

    Les rats volants de Paris

     

    Les rats volants de Paris

     

    Les rats volants de Paris

     

    Les rats volants de Paris

     

    J'espère que cet article vous fera regarder d'un autre œil les rats volants de nos villes, sans qui nos rues et nos places seraient bien tristes.


  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Janvier 2017 à 23:24

    Bon soir Régine,
    J'aime beaucoup Brancusi qui m'a énormément inspiré lors de mes débuts en sculpture. J'aime ses forme sensuelles et minimalistes. J'avoue que je retournerai volontiers visiter cet atelier, entre autres. Mais Paris est loin et quand je m'y rends, je manque de temps pour y faire tout ce que je souhaiterais.
    Merci pour l'histoire des Pigeons, et je partage ton avis, Paris sans ses Pigeons ne serait plus paris, comme toutes les villes d'ailleurs.
    Il est bien triste de constater que tout ce qui "nous" dérange devient vite considéré comme étant nuisible, sale... Nous pensons vraiment avoir tous les droits sur les autres espèces et pouvoir décider qui doit vivre ou disparaître. 
    Dans ma région, ce sont les Goélands qui portent cette vilaine étiquette et tout est fait pour les éradiquer.
    Merci pour ce billet et tes très belles photos de Pigeons Parisiens.
    Bise et belle fin de soirée



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    2
    Dimanche 29 Janvier 2017 à 20:45

    J'adore ce secteur et Brancusi....et les pigeons ! Ils donnent de la vie et une âme à nos villes!cool

    3
    Dimanche 29 Janvier 2017 à 23:05

    Bonsoir Régine,

    Très belles photos de ces pigeons. Toutes ces couleurs sont superbes, cela varie du tout au tout. La population férale des bisets n'a pas finit de nous étonner :)

    Les pigeonniers reviennent dans certains quartiers de Paris et comme par hasard tout va mieux. Il y a aussi Monsieur omelette qui passe dans les pigeonniers secouer les œufs pour les stériliser. C'est quand même plus intelligents que de tuer les adultes ! 

    Je t'embrasse. Bonne semaine.

     

    4
    Dimanche 5 Février 2017 à 09:39

    Bonjour Régine,

    Les pigeons ne me dérangent pas, mais je me suis toujours posée la question : pourquoi à Paris ils sont nombreux et à Rambouillet pas un seul !! 

    Bon dimanche, Véronique

      • Dimanche 5 Février 2017 à 22:19

        Je ne connais pas Rambouillet, peut-être que là bas il y a moins de nourriture qui traîne, et qu'il n'y a pas d'endroit adapté pour nicher ? En tout cas merci d'être passée.

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