• Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le 17 octobre dernier un Phalarope à bec large (Phalaropus fulicariusest signalé au Parc des Buttes-Chaumont en plein 19e arrondissement. Il y restera plus d'une semaine, jusqu'au samedi 24 octobre. Comme je devais me rendre à Paris cette semaine là, j'en ai profité, malgré la météo assez maussade. Il semble, d'après la base de données faune Ile-de-France, que ce soit la première fois que l'espèce est signalée à Paris.

    Mais tout d'abord, qu'est-ce qu'un Phalarope ? Le Phalarope est un petit limicole dont il existe seulement 3 espèces au niveau mondial : le Phalarope à bec large dont on parle ici, le Phalarope à bec étroit, que l'on peut aussi observer en Europe, et le Phalarope de Wilson, une espèce américaine. Pour se faire une idée de la taille, les Phalaropes sont à peu près du même gabarit que le Chevalier guignette (un limicole que l'on observe régulièrement à Paris en halte migratoire), ou que la Grive musicienne pour comparer avec un oiseau commun de nos jardins. L'individu présent aux Buttes-Chaumont était un juvénile, né cet été, en plumage de transition vers l'adulte internuptial. L'adulte en plumage nuptial a un plumage bien plus chatoyant, dessous roux et dessus noir avec des liserés chamois à la bordure des plumes. 

    Ci-dessous, une première série de photos faite le mardi 20 octobre après-midi, sous la pluie, avec des conditions de lumière pas du tout optimales. Le Phalarope est un oiseau hyperactif ce qui ne facilite pas les prises de vue dans ces conditions : en effet il tourne sans arrêt sur lui même tout en picorant à la surface de l'eau.

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Deuxième question que même les passants non ornithologues se posaient en le voyant : mais que fait cet oiseau à Paris et pourquoi est-ce si exceptionnel ? Il faut savoir que le Phalarope à bec large niche dans la toundra arctique (principalement Sibérie, Alaska et Canada), ce n'est donc pas facile de l'observer en période nuptiale. Les zones les plus accessibles de son aire de reproduction sont l'Islande (où je n'en ai pas vu) et le Svalbard. Une fois les jeunes élevés, les Phalaropes à bec large migrent au large des côtes tropicales et passent l'hiver en mer (pour les individus européens, au large de l'Afrique). La migration s'effectue par voie maritime, il est donc très rare d'en voir à l'intérieur des terres, à moins qu'ils n'aient été poussés par une tempête. C'est sûrement ce qui est arrivé à notre petit parisien d'adoption, qui est resté une semaine sur place pour se refaire une santé. Je suis retournée le voir le mercredi 21 octobre en fin de matinée, il était toujours là, s'envolant parfois pour se reposer à un autre endroit du lac.

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Peu farouche (c'était peut-être la première fois qu'il voyait des humains), il affectionnait particulièrement un coin recouvert de feuilles mortes, où il devait trouver pas mal d'invertébrés pour se nourrir. Ce qui donne des photos un peu inhabituelle pour l'espèce !

    Impossible de parler des Phalaropes sans évoquer leur mœurs particulières : chez ces oiseaux, les femelles sont plus grandes et plus colorées que les mâles. Ces dames se battent entre elles pour conquérir les mâles, et une fois les œufs pondus, c'est monsieur qui s'occupent de la couvaison et de l'élevage des jeunes. Pendant ce temps les femelles peuvent trouver un nouveau partenaire et réaliser une deuxième ponte, ou plus simplement reprendre des forces après cette période nuptiale agitée, avant de quitter la toundra pour leurs quartiers d'hiver.

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Vers midi, le pauvre petit Phalarope a subit quelques attaques en règle de Perruches à collier (Psittacula krameri). Ces dernières sont devenues en quelques années des membres permanents de l'avifaune des parcs parisiens. J'en profite pour faire quelques photos.

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Avant de partir, j'aperçois une Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) sur la pelouse au bord du lac. Cette espèce est aussi assez commune à Paris (bord de Seine, des canaux et plans d'eau) et moins farouche qu'à la campagne. Je l'ai souvent observée sur les berges de l'Île Saint Louis.

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Le Phalarope des Buttes-Chaumont

     

    Depuis hier, nous sommes à nouveau privés de la liberté de nous déplacer où bon nous semble et assignés à résidence, profitons-en pour observer les oiseaux dans notre environnement proche et voyager avec eux par la pensée !

    Bon courage à tous et à très vite !


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 1er Novembre 2020 à 08:40
    Red Sierra

    De bien belles observations !
    Merci pour les photos.

    2
    Dimanche 1er Novembre 2020 à 11:05

    Bonjour Régine, tu es toujours sur les bons coups ! effectivement, cela surprend de trouver cet oiseau à Paris... merci de t'être déplacée pour ce reportage, j'aime aussi les perruches à collier présentes également dans les parcs en Belgique. Bon dimanche, bise.

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    3
    Mardi 3 Novembre 2020 à 07:04

    bonjour Régine

    alors là, une découvertee pour moi, je ne connaissait pas ce petit limicole.....merci

    la perruche, magnifique également !!

    bonne journée, prenez soin de vous, bises, maurice

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