• La Grue et les Pigeons colombins

     

    Le Pigeon colombin (Columba oenas) est le plus petit des pigeons européens. On le reconnait à son œil noir et à son plumage entièrement gris-bleuté rehaussé d'un reflet irisé sur le cou. Il vit essentiellement dans les zones boisées (forêt, bois et parc avec de vieux arbres), où il niche dans les cavités d'arbre. Mais cette espèce forestière discrète a aussi colonisé la ville. On le voit en particulier prospérer depuis des décennies à Paris.

    La nidification du Pigeon colombin est attestée dans la capitale depuis le début du XXème siècle (Jardin du Luxembourg, 1911), cependant au départ il restait cantonné dans les espaces verts, et nichait de façon traditionnelle dans les cavités d'arbres (en particulier les platanes). De nos jours, l'espèce est évidemment toujours présente dans les espaces verts parisiens, tel que le Jardin des Plantes, le Jardin du Luxembourg, les Arènes de Lutèce ou le Parc de Bercy. 

    Pigeon colombin - Arènes de Lutèce

    Pigeon colombin à l'entrée de sa loge, Arènes de Lutèce.

     

    Au Jardin des Plantes, ces dernières années, il a malheureusement été nécessaire d'abattre certains platanes à cavités, devenus malades et dangereux. Afin de conserver l'attractivité du jardin pour les Pigeons colombins, des nichoirs spéciaux ont été disposés à bonne hauteur dans les arbres restant. Ils ont été très rapidement adoptés. 

    Mais les Pigeons colombins n'en sont pas restés là. On peut actuellement les observer régulièrement sur les toits de Paris, circulant sur les cheminées ou posés sur une antenne. Notre petit pigeon forestier semble avoir colonisé les toitures et les conduits de cheminée suite à l'abandon du chauffage au charbon et au bois, ce qui a libéré de nombreuses cavités potentielles. D'après l'Atlas des Oiseaux nicheurs de Paris, l'espèce est en augmentation depuis 1977. Durant la période de l'Atlas (2005-2008) la population nicheuse se situait dans une fourchette de 230 à 380 couples.

    Lorsque l'on est dans la rue, les jumelles sont nécessaires pour identifier les Pigeons colombins qui vaquent à leurs occupations 7 étages plus haut, sur les toits des bâtiments haussmanniens :

    Pigeons colombins sur les toits de Paris

    Près de l'église Saint-Augustin, dans le 8ème arrondissement.
    On distingue un Pigeon colombin devant les conduits de cheminée.

     

    Pigeons colombins sur les toits de Paris

    Dans le même quartier, que je parcours cette année pour l'Atlas des oiseaux nicheurs du Grand Paris, un Pigeon colombin perché sur une antenne.

     

    Pigeons colombins sur les toits de Paris

    Boulevard Haussmann.
    La nature reprend ses droits dans les conduits de cheminée inutilisés.
    Devant, un couple de Pigeons colombins.

     

    Parfois, on peut avoir l'occasion de les observer de plus près. C'est le cas du couple que j'observe régulièrement dans ma cour, depuis 2011. Forcément quand on se trouve au 4ème étage, le 7ème est moins haut ...

    Pigeons colombins dans ma cour

     

    Pigeons colombins - Paris

     

    C'est aussi le cas lorsque les bâtiments ont moins d'étages. Ici dans un passage donnant sur la rue Royale près de l'église de la Madeleine :
     

    Pigeon colombin - Village royal près de la Madelaine

     

    Vous l'avez compris, les toits des bâtiments haussmanniens sont très prisés par les Pigeons colombins, mais on trouve aussi beaucoup plus original. A plusieurs reprises, j'en ai observé un posé dans le clocheton central de la toiture du Grand Palais (là aussi, jumelles obligatoires vu la hauteur du bâtiment) et un couple paradant au dessus de la toiture de zinc du Petit Palais (une merveille abritant aussi la nidification de l’Étourneau sansonnet et du Moineau domestique).

    Détail de la toiture du Petit Palais

    Détail de la toiture du Petit Palais (ne cherchez pas les pigeons, il n'y en a pas)

    Petite mise à jour du 19 juin 2017 : mercredi dernier, en continuant ma prospection pour l'Atlas des oiseaux nicheurs du Grand Paris, j'ai résolu un mystère qui m'interpellait depuis l'an dernier, concernant le Petit Palais justement. La façade principale du Petit Palais (en vis à vis du Grand Palais) est ornée de colonnes à chapiteau sculpté de fleurs et de feuillage. Derrière ces chapiteaux, l'agencement des différents éléments de la façade a laissé la place à des sortes de niches, où j'avais remarqué plusieurs nids de branchage assez grossiers. Durant le printemps 2016, n'ayant pas réussi à apercevoir les propriétaires, j'avais pensé à des corneilles ou à des pigeons ramiers. Mais la semaine dernière je suis passée au bon moment, 2 nids étaient occupés par des Pigeons colombins !

    Pigeon colombin au Petit Palais

     Pigeon colombin sur son nid, façade du Petit Palais.

    Avec la dernière trouvaille des Pigeons colombins, on quitte les lieux de nidifications statiques de style haussmannien ou exposition universelle 1900 pour un décor industriel, mouvant, et dont la pérennité n'est pas garantie : le contrepoids de grue ! Ces contrepoids de béton sont souvent percés d'un trou, d'une taille adéquate pour que les Pigeons colombins y fassent leur nid. Bien sûr, le risque que le chantier s'arrête avant l'envol des jeunes existe ... Le Faucon crécerelle utilise aussi parfois ce type de contrepoids pour nicher. Alors la prochaine fois que vous passerez devant un chantier, ouvrez l’œil ! Vous comprendrez facilement que vu la hauteur des grues, c'est impossible de faire des photos en gros plan.

    La grue et les pigeons colombins

     

    La grue et les pigeons colombins

     Chantier de l'Ambassade d'Allemagne, rue Franklin D. Roosevelt.
    Les travaux ont débuté en 2015, la grue était déjà fréquentée par les Pigeons colombins en 2016.

     

    La grue et les pigeons colombins

    Autre chantier, près de l'église Saint Augustin.

     

    Désolée pour ceux qui s'attendait à voir des photos de la forme aviaire de la Grue, les grues de chantier sont plus courantes que les Grues cendrées à Paris !


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 8 Juin 2017 à 22:20

    Bonsoir Régine,

    C'est un adorable petit pigeon qui a le malheur de servir d’appâts pour les chasseurs. Ils aiment aussi les remparts de provins ;-) qu'ils se partagent avec les Choucas des tours. S'ils s'essayent comme les crécerelles dans les grues, guette les châteaux d'eau :)

    Bonne soirée Régine. Bises.

    2
    Samedi 10 Juin 2017 à 18:34

    Bonsoir Régine. Bien sur, je me suis laissé prendre, pour les grues. Ton reportage informatif est très intéressant, je regarderai les pigeons colombins d'un autre œil, maintenant !

    Question photo, j'avoue ma préférence pour 1 & 5 (deux pigeons s'aimaient d'amour tendre... )

    Bonne soirée.

    3
    Lundi 19 Juin 2017 à 11:48

    Coucou Régine,
    De retour, je passe faire un petit coucou aux copinautes avant de faire mon retour aussi sur la blogo.
    Ils sont magnifiques ces Pigeons et méritent bien cette mise à l'honneur !
    Bises et bonne journée

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    4
    Lundi 19 Juin 2017 à 18:04

    Paris n'en manque pas. Ils dérangent certains, moi j'aime ces pigeons

    Bonne semaine

    5
    Lundi 19 Juin 2017 à 18:49
    francinea

    bonsoir, c'est l'espèce la plus commune je crois; il y a un ancien pigeonnier dans le Jardin d'Acclimatation, à Paris; leur nid est très sommaire, j'ai eu une couvée dans une de mes jardinières, j'ai laissé les œuf pour voir les bébés, mais une fois qu'ils ont grandi ils m'ont tout bien sali !! merci de m'avoir répondu, je te souhaite une bonne soirée Francine

      • Lundi 19 Juin 2017 à 18:58

        Bonsoir Francine, le Pigeon colombin est en fait beaucoup plus discret que les 2 autres pigeons que l'on observe à Paris : le Pigeon biset domestique (le fameux pigeon de ville que l'on voit même sur les trottoirs, qui a les yeux rouges contrairement au colombin qui a les yeux noirs), et le Pigeon ramier, plus gros, aux yeux clairs, avec une marque blanche au cou, spécialiste des jardinières. C'est probablement des Pigeons ramiers qui ont squatté ta jardinière ;-) chez moi j'en ai tous les ans ! Bonne soirée. 

    6
    Erika
    Vendredi 5 Août 2022 à 07:58
    Je tombe sur votre article ancien suite à des recherches sur le pigeon colombin et je suis surprise car j habite seulement au 3eme étage et un couple est en train de couver dans notre jardinière (qui est une ancienne gouttière) Je suis sure à 100% que ce sont des colombins car œil et plumage caractéristiques. Est-ce que depuis toutes ces années ils deviennent moins méfiants et se rapprochent du sol (et des humains ?) En tout cas ils ont l’air contents et ne s’envolent pas quand on arrosent nos plantes . En tout cas merci pour cet article long et détaillé
      • Vendredi 5 Août 2022 à 08:30

        Bonjour Erika,

        Quand j'habitais à Paris, on avait souvent des Pigeons ramiers qui se reproduisaient dans nos jardinières (1ere photo), mais une fois, on a aussi eu des Pigeons colombins qui ont fait une tentative, derrière la jardinière (2eme photo). On était au 4e étage plein sud, sur un boulevard fréquenté. Je crois que les colombins ont abandonné un soir de match de coupe du monde, il y avait trop de bruit dans le café en face… Donc c'est possibles que ce soit des colombins chez vous, même si c'est plus rare que les ramiers. Vous pouvez mettre une photo en commentaire, ça m'intéresse wink2. Oui les oiseaux en ville sont moins farouches qu'à la campagne. Ils s'habitue à l'homme et il n'y a pas de chasse.

        Bonne journée !

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