La faune de Bryce Canyon est relativement diversifiée. 59 espèces de mammifères, 11 espèces de reptiles et 175 espèces d'oiseaux ont été répertoriées dans le parc national. Parmi les mammifères, on trouve entre autre l'Ours noir, le Wapiti, le Cerf mulet et plusieurs espèces d'écureuils, marmottes et chipmunks, mais aussi d'autres rongeurs plus discret.

Le Gaufre gris (Thomomys talpoides) - Northern Pocket Gopher en anglais - est l'un d'entre eux. Les gaufres, aussi appelés rats à poches en raison de leur grandes abajoues, sont des rongeurs solitaires de taille moyenne, qui vivent sous terre et se nourrissent des racines des plantes. On les trouve en Amérique du Nord et en Amérique centrale. Le Gaufre gris est le seul rat à poches présent à Bryce Canyon. Nous avons eu la chance de l'apercevoir à la sortie d'une de ses galeries lors de notre randonnée parmi les hoodoos. Les gaufres sont communs et souvent considérés comme nuisibles par les humains car ils creusent des galeries sous les cultures et les jardins. Pourtant leur rôle dans l'écosystème est fondamental : leur travail de fouisseur aère le sol, les galeries retiennent la neige et la pluie (ce qui limite le ruissellement et l'érosion), les tunnels abandonnés par leur propriétaires servent d'abri à d'autres espèces. Sans compter que les gaufres constituent une nourriture de choix pour nombre de prédateurs. Le Gaufre gris mesure environ 14 cm et pèse de 80 à 130 g.

 

 

Un peu plus loin, nous avons rencontré un curieux lézard, appelé Lézard à petites cornes majeur (Phrynosoma hernandesi) par nos amis canadiens francophones - en anglais il se nomme Greater short-horned lizard. C'est un lézard assez facile à observer (si on le trouve malgré son camouflage plutôt réussi), car il chasse les insectes à l'affût et est donc peu mobile. Son corps est aplati et large, ses écailles sont proéminentes et vont jusqu'à former de petites cornes au niveau de la tête et des rangées de pointes sur les côtés. La femelle est vivipare, elle donne naissance à des portées pouvant atteindre une trentaine de bébés lézards. Les petits sont autonomes quelques heures après la naissance. Parmi les autres reptiles présents à Bryce Canyon, il y a le Serpent à sonnettes, mais nous n'en avons pas rencontré.

 

 

 

L'après-midi, nous avons repris la voiture pour parcourir la route panoramique, qui longe le rebord du plateau. Nous y avons rencontré pour la première fois des Antilocapres (Antilocapra americana). L'Antilocapre, aussi appelé Antilope d'Amérique (ou Pronghorn en anglais) est un mammifère herbivore endémique d'Amérique du Nord, le seul de sa famille. Selon les dernières recherches génétiques, ses plus proches parents seraient les girafes et les okapis. L'Antilocapre est le mammifère le plus rapide d'Amérique du Nord : en vitesse de pointe, il peut atteindre 98 km/h. Ses principaux prédateurs sont les coyotes, qui s'attaquent surtout aux faons. Nous reverrons des Antilocapres quelques années plus tard, dans le Montana.

 

 

 

Les parkings des points de vue donnant sur l'amphithéâtre de Bryce Canyon sont surveillés par des Grands Corbeaux (Corvus corax), qui visiblement attendent d'être nourris par les touristes (pratique très déconseillée par le parc national mais certains ont du mal à comprendre, c'est toujours vrai aujourd'hui). Et tout cas, ces corvidés de taille XXL sont très peu farouches et prennent facilement la pause pour les photos. Pour vous montrer la proximité, ces photos sont prises avec une focale de 70 à 135 mm et très peu recadrées. Le Grand Corbeau est commun dans l'Ouest des Etats-Unis, et en général assez facile à approcher. Nous l'avons aussi rencontré à San Francisco, à Yellowstone et au parc national du Mont Rainier. En France par contre, on ne le trouve qu'en montagne et sur les côtes rocheuses de Bretagne et du Cotentin. Après des siècles de persécution, il avait quasiment disparu de notre pays. Tout doucement, il commence à reconquérir notre territoire.
 

 

 

 

 

Notre dernier arrêt sera au bord d'une prairie fleurie où il nous a semblé apercevoir de gros rongeurs. Un petit passereau posé sur un piquet de clôture attire d'abord notre attention. Il s'agit d'un Moucherolle à ventre roux (Sayornis saya). Les moucherolles font partie de la famille des Tyrannidés, qui regroupent de nombreux passereaux insectivores du Nouveau Monde. Les moucherolles se comportent de la même façon que nos gobemouches européen, ils chassent les insectes à l'affût depuis un perchoir. Contrairement aux autres espèces nord-américaines, le Moucherolle à ventre roux ne vit pas au bord de l'eau mais se plaît dans les milieux arides (steppes, landes, lisières de désert etc.). C'est un oiseau familier, qui niche souvent sur les bâtiments.

 

 

Derrière la clôture, dans la prairie, nous découvrons une colonie de Chiens de prairie de l'Utah (Cynomys parvidens). Cette espèce de chien de prairie est une des 5 qui existent en Amérique du Nord, et une des plus rares. En effet, ces rongeurs ne vivent que dans le sud de l'Utah. Au début des années 1970 l'espèce était en danger critique d'extinction. C'est à cette époque que des individus ont été réintroduits dans le parc national de Bryce Canyon, où ils étaient protégés. Les chiens de prairie sont apparentés aux marmottes. Ils sont plus petits mais leur mode de vie est assez similaire, excepté leur cri d'alerte qui ressemble à un aboiement, et le fait que leurs colonies rassemblent bien plus d'individus. Le Chien de prairie de l'Utah se reconnaît à la tache sombre qu'il porte sous les yeux. Il mesure de 30 à 36 cm pour un poids allant de 700 g à 1,4 kg. Les colonies de chiens de prairie vivent dans un réseau de galeries, où ils peuvent se réfugier en cas d'attaque de rapaces ou de coyotes. Cependant cela ne les met pas à l'abri des serpents à sonnettes, des blaireaux et des belettes qui peuvent les poursuivre jusqu'au fond des terriers. Un deuxième système de défense permet de protéger la colonie : les chiens de prairies construisent des monticules de terre sur lesquels ils montent la garde à tour de rôle et donnent l'alerte en '"aboyant" dès qu'un prédateur pointe le bout de son nez.

 

 

 

 

 

 

C'est sur ces images d'habitants légendaires du Far West que se termine cette série d'articles sur les parcs nationaux de l'Ouest Américain. J'ai encore quelques photos, mais pas vraiment de quoi faire un article. Je les posterai sur la page Facebook du Pigeon migrateur. A bientôt pour de nouvelles aventures.

 

Plusieurs sentiers permettent de descendre dans l'amphithéâtre que l'on nomme Bryce Canyon. Le plus populaire car le plus facile est Queen's Garden Trail, car il descend en pente douce parmi les hoodoos. Pour ceux qui n'ont pas peur de remonter par un sentier plus raide, il est possible de le combiner avec le Navajo Loop Trail. D'après mes souvenirs, c'est ce que nous avions fait. La randonnée fait au total 4,6 km et 183 m de dénivelé. Au total compter 2 à 3 h, pour avoir bien le temps de s'imprégner des lieux et faire toutes les photos que l'on souhaite.

Il est conseillé de parcourir la boucle dans les sens des aiguilles d'une montre, en commençant par Queen's Garden, car la pente étant plus douce il y a moins de risque d'accident. De plus, dans ce sens-là, on a l'amphithéâtre au complet devant les yeux (et les jours de forte affluence on ne marche pas à contresens par rapport aux autres randonneurs).

  

 

 

 

La région de Bryce Canyon se trouve dans la partie occidentale du plateau du Colorado, au sud-est de l'Utah. Les terrains y sont formés de sédiments qui ont commencé à se déposer au temps des dinosaures. A l'époque il y avait ici une mer intérieure, qui reliait l'océan Arctique au golfe du Mexique. La formation des Montagnes Rocheuses provoque progressivement un soulèvement de la région, tandis que de fréquentes inondations contribuent à de nouveaux dépôts de sédiments. C'est ensuite l'érosion qui entre en scène. Les roches sédimentaires n'ont pas toute la même dureté, ainsi l'eau creuse là où la roche est la plus tendre. Il se forme des murs, puis des arches et enfin des hoodoos, aussi appelée cheminées de fée, des sortes de colonnes souvent surmontées d'un chapeau. Les hoodoos de Bryce Canyon ont des hauteurs variant de 1,5 à 45 mètres. Leur couleur rouge provient du fer présent dans les sédiments.

 

 

 

 

 

Même si les vues depuis le rebord du plateau sont impressionnantes, ce n'est pas suffisant pour bien se rendre compte des dimensions et des formes extraordinaires de ces formations géologiques. La randonnée parmi les hoodoos est un incontournable de la visite du parc. Après avoir pris connaissance des explications scientifiques, rien n'empêche d'imaginer que ce sont des êtres fantastiques transformés subitement en pierre par on ne sait quel maléfice ! Certaines légendes des peuples amérindiens qui vivaient dans la région avant l'arrivée des européens évoquent d'ailleurs ce type d'événement.

 

 

 

 

 

Grâce aux 700 m de dénivelé entre le rebord du plateau et le fond de l'amphithéâtre, plusieurs milieux différents coexistent au sein de Bryce Canyon. La flore et la faune y est ainsi assez diversifiée. L'altitude, la pluviométrie plus importante que dans les déserts environnants, la couverture neigeuse l'hiver, sont autant de points positifs qui favorisent la biodiversité. Nous avons fait quelques sympathiques rencontres au cours de cette randonnée (de vrais animaux, pas que des créatures fantastiques), puis d'autres en prenant la route panoramique qui longe l'amphithéâtre.

 

 

  

 

 

 

 

Je vous donne donc rendez-vous très bientôt pour découvrir ces animaux, parmi lesquels des oiseaux bien sûr mais aussi des bêtes à 4 pattes. En attendant, souhaitons un bon anniversaire au Parc National de Bryce Canyon, qui fête ses 100 ans en cette année 2023 !

 

Derrière notre hôtel à Bryce Canyon, il y avait un étang, bordé par un chemin menant à un camping, et par le grillage entourant le jardin d'une villa. Un endroit pas vraiment en pleine nature, mais finalement un bon spot pour observer quelques oiseaux locaux. Les chardons et autres herbes sauvages qui poussaient sur le rivage, les arbustes plantés devant la villa et les abreuvoirs à sucre disposés par certains usagers du camping y étaient certainement pour quelque chose.

Le Tarin des pins (Spinus pinus) est un petit passereau granivore présent dans toute l'Amérique du Nord, du Mexique à l'Alaska en passant par les Etats-Unis et le Canada. Mâle et femelle sont quasiment identiques, et ressemblent beaucoup à la femelle de notre Tarin des aulnes. Contrairement à la plupart des passereaux nord-américain, le Tarin des pins semble peu attaché à son territoire de reproduction. Certaines années il reste même sur son lieu d'hivernage pour nicher. La forêt de conifères qui entoure Bryce Canyon est un milieu très favorable à l'espèce. C'est un oiseau sociable, qui se déplace et se nourrit en petit groupe.

 

 

 

 

 

Les Tarins des pins ne sont pas les seuls à apprécier les chardons. Alors que les tarins consomment surtout les graines, à la manière de nos Chardonnerets élégants, les colibris s'intéressent plus au nectar des fleurs. Le Colibri à queue large est la première espèce de colibri que j'ai rencontrée au cours de mes différents voyages outre-Atlantique. Sur cette photo, on se rend tout de suite compte que les colibris sont vraiment de petits oiseaux. Alors que le Tarin des pins mesure 13 cm et pèse une quinzaine de grammes en moyenne, le Colibri à queue large mesure 10 cm et ne pèse que de 2 à 4 g, un véritable poids-plume.

 

Les colibris sont affreusement difficile à photographier en vol. J'ai eu la chance de rencontrer ce juvénile qui a pris la pose et m'a permis de faire quelques portraits. Le Colibri à queue large (Selasphorus platycercus) est le colibri nicheur le plus commun dans les régions d'altitude comprises entre la Californie et les Montagnes Rocheuses. Il passe l'hiver en Amérique Centrale (Mexique principalement). Le mâle adulte a la gorge et le menton d'un beau rouge magenta irisé (paraissant noir si l'éclairage n'est pas favorable), le dos vert bronze métallique et le dessous gris-blanc. Chez la femelle, le dessus est similaire à celui du mâle, par contre la gorge est blanche et ponctuée de points gris et les flancs sont chamois. Le juvénile ressemble à la femelle en plus terne.
 

 

 

 

 

En août, dans ces régions montagneuses d'Amérique du Nord où le printemps est tardif, il est courant de trouver de jeunes oiseaux à peine volants. C'était le cas de cette nichée de Merlebleus de l'Ouest (Sialia mexicana). Les merlebleus sont des Turdidés d'assez petite taille (environ 20 cm), plus petit que notre Grive musicienne et de taille similaire à certaines grives américaines comme la Grive fauve ou la Grive solitaire. Les juvéniles de Merlebleu de l'Ouest sont tachetés, contrairement à leur parents, que j'ai rencontrés des années plus tard du côté de Los Angeles. Comme son nom l'indique, le Merlebleu de l'Ouest vit dans la moitié ouest de l'Amérique du nord. L'espèce est sédentaire dans la région de Bryce Canyon (sud de l'Utah).

 

 

 

 

Après ces espèces dont j'ai pu obtenir plusieurs clichés intéressants, en voici quelques autres, dont les apparitions furent plus furtives. La Paruline jaune (Setophaga aestiva) est un petit passereau appartenant à la vaste famille des Parulidés (des sortes de fauvettes colorées que l'on ne rencontre que dans le Nouveau Monde). La classification de la Paruline jaune et de ses nombreuses sous-espèces a récemment évolué (et ce n'est probablement pas fini). Il y a maintenant 2 espèces : la Paruline jaune (Setophaga aestiva), qui passe l'été en Amérique du Nord et l'hiver en Amérique centrale ou au nord de l'Amérique du Sud, et la Paruline des mangroves (Setophaga petechia), que l'on rencontre entre autre aux Petites Antilles où elle est sédentaire. Le sujet semble encore mouvant, les informations trouvées diffèrent suivant les sources. Autant vous dire que je ne suis pas près de rédiger la fiche de l'espèce (ou des espèces) sur Oiseaux.net, car ça a l'air d'être un sacré bazar !

 

Voici maintenant un juvénile de Cardinal à tête noire (Pheucticus melanocephalus). Comme chez la femelle, sa tête noire est barrée d'un sourcil blanc, alors que le mâle adulte a la tête entièrement noire, ce qui a donné le nom à l'espèce. C'est un passereau de taille moyenne, assez trapu et muni d'un bec conique de granivore. Sa morphologie se rapproche de celle de notre Grosbec casse-noyaux, cependant il n'appartient pas à la même famille. Le Cardinal à tête noire niche au Mexique, dans l'ouest des Etats-Unis et au sud-ouest du Canada. Les populations du Canada et des Etats-Unis sont migratrices et passent l'hiver au Mexique, avec leurs congénères sédentaires. Muni d'un tel bec, le Cardinal à tête noire consomme bien évidemment des graines de toutes sortes. Il se nourrit aussi d'insectes et de chenilles. C'est un des seuls oiseaux qui peut manger sans s'empoisonner les papillons Monarques, connus pour leurs migrations spectaculaires de plusieurs millions d'individus, mais aussi pour leur toxicité. 
 

 

On termine la série des juvéniles posés sur ce grillage à l'esthétique discutable avec le très commun Merle d'Amérique (Turdus migratorius). Comme chez notre Merle noir, les juvéniles de cette espèce ont le plumage moucheté. Les couleurs de l'adulte sont cependant déjà présentes : orange-roux dessous et gris-brun dessus.

 

Dans les arbres près de l'étang, les blackbirds locaux ne passaient pas inaperçus : ce sont des Quiscales de Brewer, oiseaux noirs et bruyants que l'on rencontre partout dans l'ouest des Etats-Unis. Le mâle adulte se reconnait à son plumage noir brillant et à ses yeux jaune clair, tandis que la femelle et les juvéniles sont gris avec les yeux sombres. Ici les jeunes sont déjà grands, pas comme ce jeune à peine volant que nous avons rencontré avec son père dans le nord de la Californie, quelques années plus tard.

 

 

Comme promis, après cette série consacrée aux oiseaux du backyard de l'hôtel, comme disent les américains, je vous emmènerai prochainement découvrir les hoodoos de Bryce Canyon d'un peu plus près. 

 

 

Bryce Canyon est le dernier parc national que nous avons visité lors de notre périple en famille dans l'Ouest Américain en août 2010. Avant même d'arriver dans le parc proprement dit, les paysages nous donnent un avant-goût de ce que l'on va y découvrir. Les visiteurs arrivent souvent à Bryce Canyon depuis l'ouest en prenant la route qui relie le Lac Powell au sud, et Salt Lake City au nord, puis la route touristique n° 12. Cette route traverse la Dixie National Forest et le pittoresque Red Canyon, bien moins connu que son grand frère Bryce Canyon. Des parkings le long de la route permettent de s'arrêter pour prendre des photos. Pour ceux qui ont un peu de temps devant eux, Red Canyon regorge de sentiers de randonnée. De plus l'accès est gratuit, car cette zone remarquable n'est pas classée comme parc naturel. C'est ici que nous avons vu nos premiers hoodoos, ces structures géologiques aux formes étonnantes et à la couleur rouge-orangé, emblématiques de cette région du sud de l'Utah.

 

 

 

 

 

Après cette petite pause photo, nous partons nous installer à notre hôtel à l'entrée de Bryce Canyon. Comme tous les parcs nationaux des Etats-Unis, Bryce Canyon est accessible avec le pass America The Beautiful. Le lendemain matin nous partons à la découverte de ces paysages extraordinaires où se mêlent le vert des arbres et les nuances chaudes, allant du rose saumon au rouge-orangé, des formations géologiques. Cela n'a pas été facile de faire le tri dans les photos, et ici je ne vous présente que le début de la visite, les vues depuis le plateau qui domine le canyon. Bryce Canyon a été nommé d'après un charpentier mormon qui fut un des premiers de sa communauté à s'installer dans la région, au XIXe siècle. Pourtant ce n'est pas un canyon, mais un amphithéâtre formé par l'érosion. Bryce Canyon est un des endroits les plus verdoyant du sud de l'Utah. Son altitude élevée (près de 2 800 m au point le plus haut) favorise les précipitations. La faune est ici assez abondante, comme nous le verrons dans les prochains épisodes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant d'aller voir les hoodoos de plus près, je vous donne rendez-vous très bientôt au bord de l'étang derrière l'hôtel, un bon spot pour observer les oiseaux du coin. 

 

Le lendemain de notre arrivée au Grand Canyon du Colorado, le soleil avait refait son apparition. Une fois sur les lieux, il est très tentant de descendre dans le canyon, mais il faut être prévoyant et ne pas surestimer ses forces, car une fois la descente faite il faudra remonter. Bright Angel Trail est le sentier principal qui part de Grand Canyon Village, sur la rive sud. Il comporte plusieurs refuges avec points d'eau, téléphone de secours et pour certains des toilettes. D'après mes souvenirs, en ce jour d'août 2010, nous sommes descendus jusqu'au deuxième point d'eau, nommé Three Mile Resthouse, soit un dénivelé de 645 m et une distance aller-retour de 9,6 km. Pour une telle randonnée il est bien sûr indispensable de prévoir de l'eau et de quoi grignoter. Penser aussi que plus on descend, plus la température monte, et qu'il y a relativement peu d'ombre. Donc chapeau et lunettes de soleil obligatoires !
 

 

 

 

 

Le long du sentier qui descend en lacets dans le Grand Canyon, on peut faire de sympathiques rencontres avec la faune locale. Les plus faciles à observer sont les Ecureuils des rochers (Otospermophilus variegatus), ou Rock Squirrels en anglais. L'écureuil des rochers est un des plus gros écureuils terrestres (ground squirrels) d'Amérique du Nord (en dehors des marmottes bien sûr). Il mesure 53 cm de long queue comprise. On le trouve dans le sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique. Il vit en colonie et creuse un système complexe de terriers, dont les entrées sont cachées par des rochers. Il est principalement végétarien. Ceux qui vivent au bord des sentiers fréquentés par les touristes sont très peu farouches et faciles à photographier. Bien sûr il est fortement déconseillé de les nourrir et de les toucher, même s'ils sont très mignons. D'une part ils peuvent mordre et transmettre des maladies, et d'autre part les nourrir l'été leur donne de mauvaises habitudes et les met en danger lorsqu'il devront se débrouiller seuls une fois l'hiver venu.

 

 

 

 

Au fur et à mesure que l'on descend le long du sentier, les vues changent et l'on peut voir de plus près les couches géologiques qui composent les parois du canyon. Sur nos photos, on ne voit pas grand monde, pourtant l'été le site est très fréquenté. En 2010 par rapport aux parcs plus au nord comme Yellowstone, il y avait beaucoup de français, et déjà la mode des selfies. Lorsqu'on est retourné à Yellowstone en 2018 le tourisme de masse avait aussi atteint ce parc… Certains lieux sont obligés de mettre en place des systèmes de réservation et de quota, comme les parcs d'Arches et de Glacier, pour limiter la fréquentation et préserver les sites et les milieux naturels. Pour le Grand Canyon ça ne semble pas encore être le cas.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le retour, quelques autres rencontres nous ont permis de faire des pauses photos bienvenues (mine de rien ça grimpe sans discontinuer). Toujours les écureuils de rochers bien sûr mais aussi de plus grosses bêtes, sauvages ou domestiques. Ce Cerf mulet (Odocoileus hemionus), ou plus exactement cette biche, se régalait des feuilles d'un buisson au bord du sentier, à moins d'un mètre des randonneurs. Les cerfs mulets sont des cervidés de taille moyenne, environ 1 m au garrot. Sur la photo suivante, un convoi de mules remontait en haut du canyon. Il est possible de descendre dans le canyon à dos de mules, accompagné d'un guide, mais il semble que ce soit assez cher et qu'il soit nécessaire de réserver très en avance (comme beaucoup d'activités et d'hébergements dans les parcs nationaux de l'Ouest américain). Les mules sont aussi utilisées depuis plus d'un siècle pour transporter des marchandises dans le canyon. D'autres mules travaillent pour la poste (U.S. Postal Service) et apportent le courrier 6 jours par semaine au village de Supai, situé dans le Grand Canyon mais en dehors du parc national. Ce village est la capitale de la réserve des Havasupai, un peuple amérindien qui vit dans le Grand Canyon depuis plus de 1000 ans.

 

 

Notre dernière rencontre de la journée fut cette petite mésange, observée dans un arbre à Canyon Village, une fois notre randonnée terminée. Il s'agit d'une Mésange de Gambel (Poecile gambeli), que j'ai eu l'occasion de photographier à nouveau en 2018 sur le parking d'un hôtel à Bozeman dans le Montana. Des observations en milieux occupés par les humains, auxquels cette petite mésange s'adapte assez facilement, tant qu'il y a des conifères en quantité suffisante. Bientôt, si j'arrive à trouver du temps pour la rédiger, vous pourrez lire sa fiche espèce sur Oiseaux.net.

 

 

 

 

 

Nous profitons du reste de l'après-midi pour admirer les vues sur le Grand-Canyon, avant de repartir vers le Lac Powell où nous passons la nuit. Le lendemain nous devions visiter Antelope Canyon, un site naturel fabuleux, également lieu sacré de la nation Navajo. Mais les orages en ont décidé autrement, et l'excursion a été annulée, à raison car ce canyon très étroit peut se transformer en piège mortel en cas d'intempérie. Dommage, mais cela nous a permis d'arriver plus tôt à Bryce Canyon, l'étape suivante de notre voyage.