• Dans la jungle de Basse-Terre

     

    La Guadeloupe, ce n'est pas que la plage, les palmiers, le planteur et la sieste dans le hamac, c'est aussi la forêt tropicale, où l'on peut s'aventurer sans risque de croiser une bête féroce ou venimeuse, car les seuls animaux franchement désagréables de l'île sont les scolopendres et les moustiques. La forêt humide recouvre une grande partie de l'île de Basse-Terre, à l'exception de la côte, urbanisée ou exploitée par l'agriculture, et la zone située au dessus de 1000 m d'altitude, du côté de la Soufrière. La route de la Traversée, qui parcours d'ouest en est la partie nord de Basse-Terre, permet d'avoir un premier aperçu de la richesse de cette forêt.

    Pour commencer, je vous emmène au Parc Zoologique des Mamelles. Je n'ai pas l'habitude de vous présenter ici des parcs zoologiques, et j'en visite peu car je préfère croiser des animaux en liberté plutôt qu'enfermés dans des cages. Cependant ce zoo a plusieurs intérêts : d'une part, le parcours se fait pour une grande partie dans la canopée, sur des passerelles suspendues à plusieurs mètres du sol, ce qui permet d'observer les différents étages de la végétation tropicale (un genre d'accrobranche mais adapté aux personnes qui ont le vertige, ce qui est mon cas, je confirme que je n'ai pas eu de difficulté à le faire) ; d'autre part, les animaux présentés ici sont pour partie des animaux locaux mais difficiles à observer dans la nature, et pour le reste des représentants de la faune de Guyane Française

    Comme souvent dans les sites touristiques, on rencontre d'abord les profiteurs, qui attendent sur le parking ou près de la billetterie : ici un Moqueur corossol (Margarops fuscatus) et un Trembleur brun (Cinclocerthia ruficauda).

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

    La visite du zoo commence par la présentation de mammifères communs en Guadeloupe, mais que l'on rencontre assez peu dans la nature car ils sont de mœurs nocturnes. Le Raton-laveur de Guadeloupe (Procyon lotor), appelé Ti-raccoon en créole, a longtemps été considéré comme une espèce endémique de l'île. Des analyses ADN ont cependant montré que bien que plus petit, le racoon guadeloupéen fait bien partie de la même espèce que le Raton-laveur nord américain. Il aurait été introduit ici il y au XVIIIe siècle, durant la période coloniale, suite à une escale ou à un naufrage de navire en provenance d'Amérique du Nord. Opportuniste et omnivore, l'espèce s'adapte très bien à presque tous les environnements. Il ne semble pas poser trop de problème à la faune guadeloupéenne. A noter que le Raton-laveur est aussi présent chez nous dans l'Aisne, les descendants de mascottes apportées par les soldats américains en 1945 se sont acclimatés sans difficulté…

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    La Petite Mangouste indienne (Urva auropunctata) pose elle plus de problèmes. Introduite volontairement pour chasser les Rats qui dévastaient les champs de canne à sucre, elle est aujourd'hui considérée comme une espèce exotique envahissante. En effet, elle ne se contente pas de chasser les rats, toutes les proies, dont des reptiles et batraciens endémiques, figurent à son menu. Elle serait responsable de la disparition entre autres de la Chevêche des terriers. Certains individus se sont même spécialisés dans le pillage des nids de tortues marines.

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    Parmi les oiseaux présentés, un superbe couple de Toucan toco (Ramphastos toco). C'est la première fois que je vois ces oiseaux pour de vrai, même si bien sûr je connais ce toucan depuis l'enfance. Le Toucan toco ne vit pas en Guadeloupe, on le rencontre en Guyane et dans une bonne partie de l'Amérique du Sud. Il fréquente des milieux variés pour peu qu'il y ait de grands arbres (plantation, savane boisée, cocoteraie, lisière de forêt), par contre il est absent du cœur de la forêt pluviale amazonienne. J'espère avoir un jour l'occasion de le rencontrer dans son habitat naturel, et en liberté !

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

    Autre oiseau en captivité, mais cette fois-ci tout à fait local : le Pigeon à cou rouge (Patagioenas squamosa). Ce Pigeon de taille moyenne vit principalement dans la canopée des forêts de montagne, ce qui explique qu'on ne l'ait pas observé lors de nos séjours. Commun dans presque toutes les îles des Antilles, il l'est cependant moins en Guadeloupe que sur d'autres îles. A Saint-Christophe et à la Barbade, il est même présent en ville. Son statut d'espèce chassable en Guadeloupe explique peut-être cela…
     

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

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    Au zoo des Mamelles, il y a aussi des reptiles, des très grands comme les Caïmans, eux aussi originaires de Guyane, et de très petits Anolis typiques des Antilles, qui profite de l'environnement favorable du parc animalier pour y évoluer en toute liberté. A noter aussi la partie consacrée aux insectes, avec des explications fort intéressante sur la Fourmi manioc (encore une espèce exotique envahissante, à la biologie très particulière puisqu'elle découpe des morceaux de feuilles et de fleurs pour nourrir des champignons élevés au cœur de la fourmilière, ces derniers servant ensuite de nourriture aux larves des fourmis).

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

    Le long de la route de la Traversée, plusieurs sites, gérés par le Parc National de la Guadeloupe, permettent de s'imprégner de l'esprit de la forêt. On peut citer par exemple la Maison de la Forêt et ses sentiers de découvertes, la cascade aux écrevisses etc. Tous ces sites sont gratuits. Pour les sentiers, il est conseillé de s'équiper de bonnes chaussures voire de bottes s'il a plu les jours précédents !

    Dans la jungle de Basse-Terre

     

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    C'est sur ces dernières images de la forêt tropicale que se termine cette série sur la Guadeloupe. Une destination que je ne peux que conseiller, en espérant que la situation sanitaire s'améliore rapidement et permette à nouveau les voyages sans trop de contraintes. En attendant essayons de profiter de ce qui nous entoure.


  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Octobre 2020 à 11:09

    bonjour Régine

    toujours un plaisir de voir ces oiseaux exotiques, mais l'avion et moi pas copain !!!

    bonne journée,bises, maurice

    2
    Nath
    Lundi 26 Octobre 2020 à 17:01
    Coucou Régine.
    Voilà tu clos ton voyage en Guadeloupe (que nous ferons à coup sûr quand on pourra) en me narguant avec la Guyane ahahah ! Tu n'as pas peur hein ?!!! Et oui ce toucan est superbe ! Le gros bec comme ils l'appellent là bas. Moqueur, trembleur ou pigeon, ce sont toutes des merveilles. Cette rainforest semble très belle.
    Ces endroits protégés sont toujours bénéfiques pour l'observation de l'avifaune locale.
    Maintenant attendons le jour où voyager sera à nouveau possible mais la dictature française ne fait que commencer, vicieusement mais elle est là.
    Grosses bises et à bientôt.
      • Mercredi 28 Octobre 2020 à 19:12

        Coucou Nath,

        Non je n'ai plus peur de rien ;-). Pour la dictature je suis assez d'accord avec toi les droits de l'homme et la liberté sont en voie de disparition. Je plains les jeunes, on leur pourrit la vie alors qu'ils ne sont pas à risque, j'ai du mal à comprendre qu'ils ne se révoltent pas… enfin pour l'instant.

        J'ai vu que tu es allée à Ouessant, on se dépayse comme on peut ;-). De notre côté on est allé il y a quinze jour dans les Hautes-Alpes prendre l'air pour une semaine, avec le recul et ce qui se prépare je me dis que c'était la meilleure idée de l'année ! Après le phalarope, j'avais commencé à murir un projet de rechercher sans quitter la France les espèces d'oiseaux que je n'ai pas encore photographiées ni observées mais là il va falloir encore patienter grrrrr....

        Bises.

      • Nath
        Vendredi 11 Décembre 2020 à 14:11

        Coucou Régine,

        Comme tu dis, il va encore falloir patienter..... Mon neveu qui vit en Guadeloupe arrive en métropole pour les fêtes. Si eux peuvent venir, c'est plus compliqué pour nous et ça m'épuise. Ton projet est formidable, il prendra juste plus de temps. On ne rencontre malheureusement pas autant d'oiseaux d'un coup en France qu'ailleurs. Je guette les dates de la rotation pour les îles Éparses au printemps 2021 de mon côté (ah c'est toujours la France hi hi hi)

        Oui Nous sommes allés faire un tour sur Ouessant et nous le referons un peu plus tard dans le mois. C'est superbe (si tu mets de côté les ornithos un peu barjos he).

         

      • Dimanche 13 Décembre 2020 à 18:08

        Coucou Nath,

        Une pièce à mon projet des oiseaux de France photographiée ce matin : un Râle d'eau ! Les photos ne sont pas extras, mais maintenant je sais où ils se cachent, à moins de 20 km d'ici. Ils étaient 2 en plus !

        Je te souhaite de bonnes fêtes de fin d'année malgré la complexité de la situation !

        Bises.

    3
    Lundi 26 Octobre 2020 à 18:35

    Bonsoir Régine, tu finis ce reportage avec de très belles rencontres ! j'aime particulièrement les différents oiseaux, quel piqué et précision sur les photos... oui pour les destinations lointaines, il faudra patienter encore un bout de temps, belle semaine. Bise

    4
    Jeudi 29 Octobre 2020 à 10:05

    Merci pour ce magnifique voyage et avoir fait une petite exception à ta démarche habituelle, que je comprends très bien, c'est 1000 fois mieux de pouvoir les observés dans leurs milieux naturels quand on peu et quand ils en ont encore un.

    Malheureusement, tout le monde ne peu pas voyager pour différentes raisons, parfois plusieurs.

    Comme je te le dis, ton blog me fait voyager a travers ton objectif et ta plume, et pour cela, je t'en remercierais tout le temps.

    J'ai adoré tes opportunistes, Moqueur corossol et un Trembleur brun.

    Une petite découverte le Pigeon à cou rouge, je ne me rappel pas en avoir déjà vu en vrai, faut dire que je ne fais pas trop attention aux couleurs, parfois, je les loupe avec mon problème de daltonisme, je t'avoue, je ne vois pas trop son cou rouge sur tes photos.

    Peu être de plus proche, sur place, je pourrais le voir, mon daltonisme est comme pour une imprimante, un manque d'encre sur une des cartouches couleurs et l'impression est plus correcte, idem pour moi.

    Toujours ce problème quand l'homme se prend pour le créateur, dame nature, donnons le nom qu'on veut, encore un exemple avec la petite Mangouste indienne, en volant résoudre un problème, on en fait un autre, parfois pire.

      • Dimanche 15 Novembre 2020 à 21:44

        Bonsoir Rony,

        Ne t'inquiète pas, ce Pigeon à cou rouge n'a pas vraiment le cou rouge. La couleur est plutôt pourpre. Les noms d'oiseaux sont parfois trompeur !

        Bises.

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